• Home
  • Rivista M@gm@
  • Quaderni M@gm@
  • Portale Analisi Qualitativa
  • Forum Analisi Qualitativa
  • Advertising
  • Accesso Riservato


  • En Quête De Mythanalyse
    Hervé Fischer (a cura di)

    M@gm@ vol.12 n.3 Settembre-Dicembre 2014

    MYTHANALYSE DE L'ÎLE : POLYSÉMIE DE L'IMAGINAIRE DE THRINAKÌA


    Orazio Maria Valastro

    valastro@analisiqualitativa.com
    Docteur de Recherche en Sociologie, Université Paul Valéry, Montpellier ; Directeur scientifique de M@gm@, revue internationale en sciences humaines et sociales ; dirige les Ateliers de l'imaginaire autobiographique de l'Organisation Les étoiles dans ma poche ; à crée et réalisé le prix Thrinakìa, concours international d'écritures autobiographiques dédiées à la Sicile.

    Fabulation et mythopoïèse dans l'écriture de soi

    Quelles fabulations et imaginaires nourrissent les récits et les narrations contemporaines de l'île dans l'écriture, personnelle et collective, de l'expérience de la vie quotidienne ? C'est la question principale qui retient mon attention dans cette contribution, conjuguant une exploration indispensable de la littérature sur le mythe de l'insularité avec l'imaginaire paradigmatique d'une île, celle de la Sicile. Le prix international d'écritures autobiographiques Thrinakìa [1] que j'ai créé en 2012, dans le but d'encourager et stimuler les identités narratives des auteurs par la mémoire et l'imaginaire de la Sicile, étaye cette réflexion sur la figure mythique de l'île régénérée par la polysémie de l'imaginaire de Thrinakìa. Une nouvelle géographie mythique est en train de se dévoiler devant nous (Valastro, 2010), c'est ce dont témoigne l'expérience des Ateliers de l'imaginaire autobiographique [2], dirigés et animés depuis 2005 en Sicile, tout en m’invitant, à la fois comme formateur à l'écriture de soi et comme chercheur passionné par l'imaginaire dans la pratique de l'écriture autobiographique, à me mettre en quête de narrations nous permettant d'en comprendre leur sens profond.


    Îles de la Méditerranée, Tabula Rogeriana (Sicile, 1154)
    Muhammad Al-Idrîsî (Ceuta, 1099 circa - Sicilia, 1165)
    Nuzhat al-mushtaq fî ikhtirâq al-âfâq
    (L’Agrément de celui qui est passionné pour la pérégrination à travers le monde )


    Thrinakìa évoque l'île du soleil du poème de l'Odyssée (Chant XII, 127-141), demeure des troupeaux sacrés du dieu solaire Hélios, une île mythique qui n’est pas clairement située, ni en Occident, ni en Orient. Cette île qui assume une valeur symbolique transcendant la tangibilité nous invite à découvrir la narration de soi dans réel. Elle nous propose de nous situer, en tant qu'écrivains, lecteurs et chercheurs en quête de soi et du monde, en explorant les histoires de vie de l'île. Il faut une écoute sensible de soi et de l'autre pour accueillir l'âme plurielle (Gilbert Durand, 1980) de Thrinakìa. C'est à partir de cet observatoire privilégié [3] de connaissances plurielles du vécu des femmes et des hommes à travers des écritures autobiographiques que nous allons saisir le sens de cette île en tant que lieu idéal de la fabulation. Les narrations humaines ne constituent aucunement une mémoire institutionnelle, qui , elle, relèverait d’impératifs de valeur liés à la gestion de l'espace de la politique et du pouvoir.

    Les îles mythiques de l'Odyssée, les îles de la Méditerranée, et la Sicile d'une manière particulière, sont ces mondes imaginaires qui mettent en contact dans la littérature des niveaux différents de réalités (Calvino, 1984), de cultures et de connaissances. Ces lieux mythiques qui génèrent une télémachie (Chants I-IV) invitent, selon l'écrivain Italo Calvino, à la narration. C'est précisément en cela que réside la véritable modernité (Calvino, 1995) des étapes du voyage de Télémaque : la recherche d'un récit qui va constituer la narration du devenir d'une humanité, des femmes et des hommes avec leurs expériences, souffrances et jouissances, plutôt que la narration du retour d'un héros épique. Ces nostoi, voyages de retour aux frontières du réel et de la création imaginaire, vont relier des mondes différents pour les faire exister entre fiction et réalité : « ce qui peut paraître au premier abord une fable dans toute l'acception du mot (...) ne nous a pas donné une pure fiction, mais bien la vérité même sous un ingénieux déguisement » (Strabon, 1867, Livre I-VI, p. 461). Il est intéressant de considérer à ce propos le renversement du rapport entre fabulation et mythopoïèse, pareillement mis en évidence par Italo Calvino : « la fabulation, précède la mythopoiésis : la valeur mythique est quelque chose qu'on finit par rencontrer lorsqu'on continue obstinément à jouer avec les fonctions narratives » (Calvino, 1984, p. 26). Ceci me conduit à m’interroger sur cette valeur mythique de l'île, pour tenter de répondre à ma question initiale. Que découvrent les écrivains autobiographes dans leur quête de récits, sollicités qu’ils sont par le pouvoir de la fabulation ? Ne serait-ce pas la création d'une mémoire reconfigurant notre relation avec nous-mêmes et avec le monde, ayant la Sicile comme lieu de leur narration ?

    Les fonctions de fabulation et de création mythopoïètique étant reliées entre elles par l'écriture de soi, elles sont liées aussi à la narrativité mythique (Wunenburger, 1994) qui relève d'une activité de l'imagination fabulatrice fondée sur des procédures mentales spécifiques, se distinguant des méthodes de la pensée rationnelle. Pour cette raison, nous devons recourir à une approche compréhensive nous invitant « à appréhender l'être du point de vue du Tout de la vie » (Wunenburger, 1994, p. 42), et donc à considérer le patrimoine littéraire, les mythes de l'insularité, et le patrimoine des mémoires et écritures de soi liées à la Sicile, comme des fabulations mythiques d'interprétation et compréhension du monde. La condition fabulatoire de l'être humain, reprenant la définition d'Hervé Fischer [4], travaille les conditions biologiques, psychologiques et psychiques, dans leur rapport aux conditions culturelles, économiques et sociales, pour recréer l'étrangeté du monde tout en découvrant des récits mythiques inventés et institués de manière collective. Questionner l'imaginaire dans la pratique de l'écriture autobiographique c'est ainsi considérer une fabulation humaine n'écartant pas les dimensions mythiques et historiques, symboliques et existentielles de la narration qui prend forme dans le mouvement de l'écriture de soi. Une fabulation désignant exclusivement le réel, se caractérisant en tant que réflexion sur l'existant, est une parole en acte produisant des énoncés collectifs (Deleuze, 1985) écartant toute dimension imaginaire constitutive du langage et de l'écriture. La narration humaine, se déployant inéluctablement selon plusieurs dimensions, reflète par contre la multiplicité des formes dans la représentation du temps et du monde, découvrant cette quête du sens du tout et de la vie faisant éclater les limites temporelles de la condition humaine [5]. La narrativité, conjuguant fabulation et mythe dans la mise en scène de l'étrangeté du monde, rompt avec les limites temporelles, « devient le véhicule par lequel l'être incarné remonte du temps vers l'éternel » (Wunenburger, 1994, p. 48) et, en ce sens, opère une transfiguration. L'écrivain autobiographe, tout en se tenant hors du temps, le pénètre et découvre le temps du kaïros (Valastro, 2013-a), un temps indéterminé au sein duquel quelque chose d’extraordinaire survient, une coémergence de soi et du monde, intuition de sens et compréhension d’un parcours de vie sous forme d’implication et transformation au croisement du temps horizontal et vertical des représentations du monde.

    Lectures mythocritiques de l'insularité et mythologies émotionnelles

    Les écritures et réécritures mythiques de l'île, entre littératures de l'insularité et mémoires personnelles ou collectives, nous parlent de mythologies poétiques proches « de quelques fragments de soi et du monde et le décodage de rencontres furtives ici et là sur la planète peuvent convaincre qu'on fait partie de cette dernière et de son histoire » (Gatard, 2014, p. 31). Les analogies avec les mythologies du futur de Christian Gatard sont nombreuses. Les représentations mythiques vont réenchanter le rapport au monde des femmes et des hommes dans l'histoire de l'humanité. Proches d'une quête collective contemporaine de soi et de sens, elles sont soumises à des forces centrifuges et centripètes, elles témoignent du désir de s'éloigner de soi pour découvrir et régénérer notre relation avec les autres et le monde. Elles misent sur l'espoir du voyage dans l'écriture autobiographique pour se sauver et se recréer. Une mythanalyse de l'île vise en conséquence à « la compréhension des phénomènes humains, les ensembles imaginaires constituant les grandes images et leur narration mythique » (Gilbert Durand, 1996, p. 83) en explorant une mythologie qui réclame de l'émotionnel, des sentiments et des passions collectives au cœur des formes littéraires de l'insularité et de l'écriture autobiographique de l'île de Thrinakìa.


    Mythe d'une île (1930), Ernst Paul Klee (Münchenbuchsee, 1879 - Muralto, 1940)

    Dans toute œuvre culturelle nous retrouvons des « univers ordonnant des valeurs numineuses (...) passibles d'une mythologie, fondant une mythocritique » (Gilbert Durand, 1972, p. 77) et une lecture mythocritique de l'insularité nous interroge sur ce fond primordial du mythe de l'île fondé sur la « reconnaissance d'une numinosité transcendante à laquelle s'essaie timidement l'écriture » (Gilbert Durand, 1995, p. 194). Le mythe littéraire, étayant des valeurs numineuses en tant que référence au sacré, ne recouvre pas simplement un mythe personnel qui nous fournit une image du monde intérieur inconscient (Mauron, 1963) ; il est plus qu'une simple expression individualisée et complexe de mythes personnels. Le processus de désenchantement du monde (Weber, 1963), alimente l'émergence d'un nouveau réenchantement (Gilbert Durand, 1982) par une résurgence et une transformation des valeurs du mythe. Ce texte même participe de cette démarche : saisir les transformations postmodernes du numineux et du mythe (Valastro, 2014) dans la compréhension des fabulations, nous situant dans le monde pour communiquer notre expérience, et dans l'analyse des énergies dramatiques d'une mythopoïèse, qui est en œuvre dans la mise en mythe des narrations de l'île. Les variations des géographies imaginaires de l'insularité sollicitent tant d’anciennes que de nouvelles mythologies pouvant réenchanter un espace réel par ce désir de manifester le sacré (Eliade, 1965) dans le mythe de l'île, en lui imposant de réconcilier « les antithèses et les contradictions traumatisantes ou simplement embarrassantes sur le plan existentiel » (Gilbert Durand, 1972, p. 85) pour découvrir une connaissance symbolique.

    Les mythes de la création du monde (Coss-Humbert, 2001) illustrant le cycle éternel d'exondation et inondation constituant les continents, nous révèlent une humanité gérant les terres exondées modelées par les dieux, le territoire devenant alors un lieu divin. Le mythe de l’Atlantide fonctionne d'ailleurs comme un modèle (Pérez, 2005) pour la narration mythique : l'espace sacré de l'île a la propriété de transcender le temps, de sauvegarder et même consolider une sacralisation de la gestion humaine du territoire et de poursuivre l'œuvre divine (Coss-Humbert, 2001). La narration mythique d'une insularité fondée sur la puissance divine, dynamise l'énergie de la vie sous forme d’une narration littéraire de l'île, tel un nouveau monde identifié au mythe géographique d'une terre australe, d’un ailleurs où le paradis serait possible en tant qu'espace utopique. L'image de l'île est ancrée fondamentalement dans le mythe du paradis, lieu d'un état d'innocence et de félicité dont l'humanité aurait fait l'expérience à l'origine du temps, situé parfois en Orient, autrefois en Occident. « Le mythe insulaire est paradisiaque. Au croisement de deux représentations, gréco-latine et judéo-chrétienne, il exprime en même temps la nostalgie d'une origine et la perfection d'un état. » (Fougère, 2005, p. 379). Le mythe insulaire du paradis est présent dans l'imaginaire de différentes cultures et religions. Arturo Graf souligne la géographie paradisiaque de ces îles, des lieux lointains et inconnus, un ailleurs, demeure du bien-être et de la félicité que l'humanité désire, ne pouvant pas la réaliser dans le reste du monde (Graf, 1982). Tant que l'ancien monde est borné, soit par les confins de l'Europe, soit par d'autres limites, la géographie paradisiaque évoque des ailleurs situés aux frontières du connu, aux limites de l'inconnaissable par une fabulation des origines de l'humanité. Quand le nouveau monde fait irruption, le mythe de l'insularité est alors investi par l'utopie, le désenchantement du monde s'ouvre sur l'imaginaire d'une terre australe devenant l'objet privilégié d'une littérature utopique (Sankey, 2001). Cette littérature instaure une éthique de la relation (Fougère, 2005), celle avec un ailleurs objet d'explorations et de réalisation de rêves entretenus et amplifiés par les missions d'exploration et de commerce liées aux stratégies de conquête. Elle crée donc aussi une esthétique de la distance, inspirée par cet ailleurs idéal et isolé de toute civilisation.

    Ces quelques lectures mythocritiques de l'insularité nous montrent l'imaginaire d'une île paradisiaque constitutive d'une humanité exondée, en quête d'une narration évoquant un espace sacré révélateur du mystère d'une force divine, évoluant dans l'utopie d'une modernité se confrontant à l'exploitation et à la domination des forces naturelles, substituant au pouvoir divin celui de la nature, sublime et funeste en même temps. Ainsi, la mer, lieu mythique du cycle de l'existence, de la vie et de la mort, de la naissance et de la renaissance, peut-elle aussi nous renvoyer aux origines des mythes bretons et celtiques, à l'île d'Avalon où le roi Arthur gravement blessé, va, sur sa nef funèbre retrouver un espace sacré ayant les mêmes propriétés que le paradis (Graf, 1982). Car la mort ne peut pénétrer dans l'île mythique d'Avalon et ses pierres guérissent les maux du corps et de l'âme. L'île paradisiaque d'Avalon isolera le héros dans un lieu immortel, en attente d'un retour futur. Et il faut rappeler ici qu’elle a été identifiée avec la Sicile (Graf, 1982). On a pu reconnaitre dans certains traits de cette île, ses terres surmontées par le volcan, le refuge mystérieux et inaccessible d’Avalon.

    Le numineux, l’expérience humaine du transcendant, ce sentiment mystérieux de réaction devant l'horrible et le sublime, ce « sentiment de la créature qui s'abîme dans son propre néant et disparaît devant ce qui est au-dessus de toute créature » (Otto, 2001, p. 31), est-il présent dans les variations contemporaines du mythe de l'insularité ? Et en quoi l'imaginaire de la Sicile est-il paradigmatique d'une mythanalyse de l'insularité ? La représentation de l'Etna, les décors mythique de la légende d'Arthur en Sicile, nous permet d'appréhender un repère paradigmatique convertissant un espace insulaire régi par des cosmogonies anciennes, affirmation de l’ordre du monde mythique par la mythologie grecque romaine, dans un espace littéraire moderne mobilisant le cycle cosmique (Hölderlin 1929 - Sand, 1931). Et l’action néfaste mais régénératrice du volcan métamorphose les êtres par l’union créative des contraires. Dans la littérature des voyages en Sicile aux XVII et XVIII siècles (Brunon, 2004) on retrouve cet élément constitutif du mythe insulaire, l'image de l'île paradisiaque, heureuse et florissante, étayée par le regard des voyageurs sur le paysage et la fertilité des terres, transformée par l'exaltation lyrique des forces de la nature associant le volcanisme sicilien à l'esthétisme du sublime.

    Le mythe de l'insularité n'est donc pas limité à l'imaginaire de l'île, ni davantage articulé autour des représentations d'un sentiment d'immutabilité et d'isolement préservant des cultures. Les narrations de l'île nous aident aujourd'hui à repenser les mondes insulaires dans leur ensemble (Bernardie-Tahir, 2008), comme une recherche de soi et du sens du chaos de l'existence, avec ses ruptures et aléas, tout en refigurant une identité narrative (Ricœur, 1985) incluant le changement et la mutabilité dans la cohésion d'une vie. Il faut donc aborder le terme d’insularité « dans sa richesse polysémique, travailler les représentations, forcément dynamiques, les imaginaires, nécessairement changeants, cerner des vécus en devenir » (Richard, 2008, p. 9). Cerner ces vécus en devenir dans le mythe contemporain de l'insularité, c'est aussi prendre en compte la vie ordinaire et émotionnelle dans l’écriture de l’espace où se déroule le drame tragique de l'existence humaine (Tanda, 1992), caractérisant une constellation de mythologies émotionnelles, sociétales et existentielles (Musarra, 1999) de la modernité.

    Quêtes mythobiographiques et féminisation des écritures de l'insularité

    Le mythe de l'insularité, en se métamorphosant et se transformant, témoigne d'un renouvellement et d’une littérarisation du mythe (Wunenburger, 2003) dans un mouvement simultané de dégradation et d'émergence du mythe dans la réécriture de l'imaginaire. La réception et la transformation du mythe de l'insularité dans l'écriture autobiographique de l'île de Thrinakìa, explorées dans cette partie de ma contribution [6], vont nous renvoyer à la question de départ : quelles fabulations et imaginaires nourrissent les récits et les narrations contemporaines de l'image de l'île dans l'écriture, personnelle et collective? L'écriture ordinaire pose un premier élément d'approfondissement : la mise en récit de l'inquiétante étrangeté de la vie ordinaire.


    Une œuvre de l'artiste Sabo (Salvatore Bonura, Palermo 1916-1975)

    Dans l'écriture de Nina Di Nuzzo Micalizzi [7] c'est la vie ordinaire de groupes sociaux exclus de l'histoire et de la mémoire institutionnelle qui accède à l'écriture. Il s'agit d'une anthologie d'existences réelles, pour citer Michel Foucault, reliant mémoires personnelles et collectives, où la narration, de manière consciente ou non, essaye d'inventer une pratique de réappropriation du biographique (Foucault, 1977), articulant le rapport entre vérité et pouvoir. La narration circonscrit un microcosme, la vie quotidienne d'une famille et d'une communauté depuis la deuxième guerre mondiale, présentant une insularité culturelle sollicitant, par exemple, dans la première œuvre de l'auteure, Aigres citrons et doux jasmins [8], la réalisation d'un répertoire spécifique du langage local ainsi que des traditions et des coutumes du territoire. Dans sa deuxième œuvre autobiographique, Ma grand-mère disait, elle met en scène une femme qui n’est pas une écrivaine de profession, mais qui travaille en tant que couturière depuis son plus jeune âge, en recourant cette fois à l'art de créer ces histoires que l'on raconte et que l'on se raconte. Elle se consacre à l'écriture d'une mémoire collective (Halbwachs, 1950), qui n'est pas le produit d'un processus cumulatif mais plutôt un processus cyclique en altération permanente et constante, qui se déploie dans l'interaction entre l'individu et la collectivité, sans prétendre être une mémoire historique. Il s’agit de figer dans l'écriture ordinaire de la narration un patrimoine collectif unique, vécu indépendamment de l'historicité des événements, qui est recrée et transformé pour signifier le monde qui nous entoure dans sa diversité et sa totalité.

    L'écriture ordinaire mobilise ainsi la narration de la vie dans le sens d’une participation à l'existence. « J'allais écrire ces souvenirs, en les enrichissant avec ceux des autres (...). Ces tristes épisodes (...) en tant qu'expression d'une mentalité typique de toute une époque et fruit d'un sentiment exagéré ne trouvant pas une forme adéquate pour se manifester » [9]. La mise en récits de souvenirs, tristes et heureux, dévoile cette inquiétante étrangeté (Freud, 1971) liée aux choses ordinaires, objets de notre pensée, à tout ce qui n'est pas exprimable ou directement dicible. La mémoire dépayse en nous distançant du rapport à soi et au monde, faisant surgir une incompréhension de la relation avec nous-mêmes et avec les autres, mais sans que les émotions et les sentiments que nous éprouvons ne soient niés ou rejetés. Les relations affectives et sociales soumises à une mentalité insulaire, font apparaître des prédispositions, des croyances et des valeurs significatives dès lors que s’instaure une écriture ordinaire, sensible à l'amour, en quête du cœur et de l'âme des personnages de cette narration.

    En recourant au schéma rythmique du calendrier des saisons, de leurs odeurs et saveurs, sujets à poésies et histoires, l'auteure Lina Tringali [10], en quête des émotions et sentiments de sa maison, nous propose un voyage multidimensionnel dans la préparation de plats typiques de la cuisine traditionnelle sicilienne. Ses lecteurs sont sollicités, de manière spéculaire, par la mémoire ordinaire d'expériences typiques de vie en famille. « J'aime entreprendre ma promenade dans les souvenirs de l'automne ... » (Valastro, 2013-b, p. 28). Une mise en récit de la vie quotidienne en relation avec le déroulement cyclique des saisons, relie l'art autobiographique à la puissance épiphanique du cycle (Gilbert Durand, 1992) libérant une vision rythmique du monde par la succession des contraires et une alternance qui tisse et ordonne un devenir cyclique. Dans un monde où nous avons de la difficulté à nous reconnaître, où notre expérience spatiale demeure géométrique et limitée, le monde qu’explore l'auteure est ce macrocosme reliant rythmes naturels et biologiques, psychiques et sociaux dans un tout où il est encore possible de se souvenir, d’écouter et de s'orienter. Le cadre insulaire semble ainsi réconcilier un esprit apollinien déchiffrant le flux de la vie et ordonnant le chaos du monde, avec un esprit dionysiaque de pulsion vitale des sentiments et des émotions, dans notre quête de soi et de sens.

    L'écriture ordinaire de l'île de Thrinakìa est aussi la narration de retours. « J'associais ce récit et bien d'autres histoires de famille à la beauté des lieux, mais dans les oliveraies, parmi les noyers, avec ces anciennes tiges tordues, je n'arrivais pas à séparer la joie de la douleur, demeurant dans un état de profonde dépendance des contradictions du monde me causant une grande mélancolie » (Valastro, 2013-b, p. 46). L'île de la mélancolie [11] de Carmela Pregadio raconte le voyage d'un retour provisoire de l'auteure en Sicile après des années d'absence. La thématique mythique de la nostalgie (nostos, le retour, et algia, la douleur) y  devient source de fabulation insulaire évoquant l'origine paradisiaque de l’île de sa famille. Elle transforme ainsi les nostoi des héros épiques dans une écriture ordinaire mais nocturne de l'étrangeté du monde. Quand le retour n'est pas physiquement possible comme pour l'auteur Carmelo Guidotto [12], sicilien d'origine condamné à perpétuité et détenu en Sardaigne, c’est le mythème du retour opposé à celui du non-retour qui apparaît et suscite la mélancolie de l'île paradisiaque. « La maison est une symphonie d'odeurs bonnes et mauvaises. Les bonnes se dégagent des pots dans lesquels maman prépare différents plats, les mauvaises sont celles qui émanent de nos corps. (...) Une sueur sans fin, la porte fermée car elle donne directement sur la route. Une route sans asphalte, en terre battue. Quand cette porte s'ouvre, celée par les stores baissés, semble arriver le souffle de Dieu sur Adam pour lui donner la vie » (Valastro, 2013-b, p. 75).

    Ces microcosmes insulaires redoublent les images de soi et de l’intimité des êtres. La narration d'expériences de voyage sur l'île de Thrinakìa [13], guide l'auteur Alfio Giovanni Domenico Russo dans le récit de sa relation avec cette figure humaine de l'ancien narrateur, son grand-père maternel, dans une temporalité dramatisée synchronique d'un double univers existentiel, celui de l'enfant et celui du vieux. « Qu’est-ce qui m'a toujours lié si fortement à l'être et au faire de mon grand-père ? La sensation est celle d'un amour spéculaire : dans cette image, dans laquelle il me tient dans ses bras (...) au moment précis où nos visages sont filmés ... j'ai eu le grand cadeau, la grande poésie, le scénario ouvert de me voir à la fois enfant et vieux » (Valastro, 2013-b, p. 81). Si la mémoire fonctionne sur le mode du double et de sa déclinaison (Freud, 1971), la mise en récit du couple petit-fils / grand-père, est ici création littéraire d'un couple en tant que double symétrique ; on y trouve les histoires fabuleuses racontées à l'enfant et les histoires de l'auteur errant sur l'île. Tels sont les thématiques mythiques (Yves Durand, 1988) élaborées par l'écriture de l'imaginaire de Thrinakìa. L'île est un microcosme dans lequel l'écriture ordinaire redécouvre des histoires mythiques, un microcosme insulaire composé par l'imaginaire de femmes et hommes en quête de sens et de vie, un espace qui devient sacré. Dans son journal de voyage Philippe Loriot [14] raconte son parcours à partir de la côte occidentale de la Sicile jusqu’à l’Etna cheminant par cercles concentriques en parcourant les sites archéologiques et les villes. « Une improbable silhouette s’avançait vers nous, de très loin, du bout de la rue. (...) Arrivé à notre hauteur, il nous aborda (...) il réfléchit quelques secondes avant de proférer une phrase que je n’ai pu oublier, tant à notre intention qu’à la sienne semblait-il : Sauvage Sciacca ! » (Valastro, 2013-b, p. 81). Une telle expérience prend les traits d'un voyage initiatique, un voyage intérieur dans l'écriture ordinaire devenant un voyage mythique à la recherche d'une histoire qui nous rend différents. La dégradation du mythe de l'insularité paradisiaque et utopique accompagne la résurgence et l'irruption d'un sacré sauvage [15] dans l'espace profane des écritures de la vie ordinaire où l'art autobiographique est autant inspiré par les formes sauvages que par le sacré sauvage (Balandier, 1996). La dimension sauvage de l'espace insulaire fantasmé, permet de révéler le sacré immanent de l'inquiétante étrangeté du monde, de son instabilité mais aussi de sa modernité, dans un mouvement d'incertitude, ce quelque chose d'énigmatique que nous ne sommes pas en mesure de comprendre.

    Une autre auteure, Ada Zapperi Zucker [16], a renouvelée la problématique de l'écriture au féminin (Valastro, 2015). Le récit de l'histoire d'une femme, une figure dominante dans la famille de l'auteure, s'érigeant en archétype féminin dont nous descendrions toutes et tous, a pris corps dans la narration mythique de femme Cucchiara. L'auteure, dans un voyage de retour près de vingt ans après son éloignement de sa ville natale en Sicile, Catania, reprend l’écriture d’une histoire qui la suit depuis sa première enfance. L'histoire de cette femme est au centre d’une écriture biographique, voire autobiographique, étayée par le désir d’évoquer une humanité située entre la fin du XVIII et le début du XIX siècle, en quête d'une filiation affective, morale et spirituelle. Nous retrouvons aussi d'autres figures féminines et d'autres histoires nous racontant leurs expériences ordinaires du monde, marquées par la violence masculine domestique et sociale qui structure les relations de genre et la vie quotidienne. « Après, n'étant plus un enfant, elle rêvait souvent d'être au sommet d'une échelle, suspendue entre ciel et terre, entre réalité et désir d'évasion, fuyant une vie qu’elle ne voulait certainement pas sous cette forme. Et dans son rêve elle ne trouvait aucun mur, aucun arbre de figuier, pour s'en sortir : devant le vide, derrière le vide. Arrêtée sur la dernière marche de l'escalier, en attente... toute une vie d'attentes. Devant le vide, derrière le vide » [17]. Cette femme incarne le mythe du rachat du corps physique suspendu entre deux mondes, anticipant la modernité par cette inquiétante étrangeté de l'ordinaire, par ce désir inconscient ou poétique de créer une nouvelle forme de vie familiale et sociale.

    La relation entre insularité et féminité depuis le mythe de l'Atlantide, mythe originaire de l'île organisé autour d'un espace masculin, a été transformée avec la présence féminine d'héroïnes et d’intrigues amoureuses dans les œuvres littéraires des XIX et XX siècles (Foucrier, 2004). L'image exemplaire de la figure féminine dans l'écriture ordinaire de Thrinakìa dévoile un espace insulaire paradigmatique du renouveau des relations entre les femmes et les hommes, d’une humanité en quête d'amour parcourant le cœur et l'âme collective qui évoquent les mythes de l''île. C'est la tragédie de la culture (Simmel, 1988), l'amour source de vie se cristallisant en formes de relations affectives et rapports de pouvoir, qu’on retrouve dans le récit mythique de la femme sirène de Sonja Gherbi. « Sirènes, dans ce monde, il y en a beaucoup. Ayant subi cette métamorphose, elles conçoivent un nouveau monde, en faisant de leur nature une terre d'accueil. (...) Dans la solitude parce que la voix de femme accompagne toujours le craquement de portes d'autres mondes. (...) La difficulté est de comprendre qui nous sommes et nos yeux, nos sens, ne parviennent pas toujours à combler nos connaissances lacunaires. (...) Il est vrai, je suis née en Sicile et mon berceau sera toujours une terre de mer » [18]. Originaire de l'Algérie, née entre deux mondes, l'auteure revendique son appartenance à l'espace insulaire tout en désirant effacer les frontières séparant les familles, les femmes et les hommes ; ce sont ces frontières entre des mondes sensibles que la voix de la femme sirène traverse avec sa narration, réunissant féminité et formes aquatiques, dans l'expérience de l'imaginaire nocturne qui demande une transformation progressive de soi, de l'autre et de la vie. Ce pouvoir mythique anime un désir de compréhension de notre relation avec nous-mêmes, avec les autres et avec le monde, un pouvoir proche de la narration mythique de Cassandre par l'écrivaine Christa Wolf (2003), où la voyance n'est pas un don divin mais plutôt la capacité humaine de se mettre en relation avec l'autre. L’écriture au féminin rencontre cette communauté de femmes dissidentes sur le mont Ida (Cassini, Castellari, 2007), lieu vers lequel se dirige le regard de Cassandre, cet espace où ces femmes esclaves et fugitives, vont pouvoir acquérir dans  le dialogue avec l'autre la faculté de voir l'altérité.

    Conclusions et pistes à parcourir

    La dégradation et la régénération du mythe de l'insularité dans la littérature et l'écriture autobiographique de l'île, depuis le mythe de l'île paradisiaque et de l'espace insulaire sacré, jusqu'au mythe de l'île australe et de l'espace insulaire utopique, sont soumises à la réécriture créative de l'imaginaire par les narrations contemporaines des quêtes mythobiographiques  de soi et du monde pour situer l'expérience ordinaire des sujets dans le tout et dans la vie (Valastro, 2012).

    Le mythe de la quête, transformant les récits d'aventures en roman initiatique (Vierne, 1973), convertit pareillement le parcours des auteurs dans l'écriture de soi en processus initiatique, en possibilité individuelle et collective, symbolique et existentielle, de relier des subjectivités extra-individuelles et  d’atteindre ainsi une autre connaissance de la vie quotidienne.

    Ces quelques pistes nous permettent de mieux comprendre l'écriture de l'insularité, de déchiffrer  l'imaginaire paradigmatique d'une île, celle de la Sicile, et ainsi de repenser les mondes insulaires en quête du sacré immanent dans l'inquiétante étrangeté du monde.

    Le récit de Thrinakìa est paradigmatique de l’unité originaire perdue (Wunenburger, 1995) face aux différences et à la complexité des relations affectives et sociales, face à ce mélange d'altérité et d’identité, de pluralité et d’unité « capable d'orienter l'homme au milieu d'une crise profonde de ses référentiels » (Wunenburger, 1990, p. 13).

    Notes

    [1] Le nom du prix international d'écritures autobiographiques dédiées à la Sicile, Thrinakìa, s'inspire du poème de l'Odyssée attribuant un caractère mythique à la Sicile, l'île du soleil. Le prix, arrivé à la deuxième édition, réalisé par l'organisation de volontariat « Les étoiles dans ma poche » en collaboration avec l'Archive d'État de Catania et la Surintendance des Archives pour la Sicile du Ministère des Biens et des Activités Culturelles et du Tourisme, a obtenu les parrainages de l'Assessorat aux Biens Culturels et de l'Identité Sicilienne de la Région Sicile, de la commune de Catania et de l'Observatoire des Processus de Communications - association culturelle scientifique. Le prix de Thrinakìa compte quatre sections : autobiographies - le récit d'une vie vécue en Sicile ; récits autobiographiques - le récit d'une expérience de vie significative vécue en Sicile ; journaux de voyage - la narration d'une expérience de voyage en Sicile ; biographies - le récit de l'histoire de vie d'une personne ayant vécu en Sicile ; poésies - une composition en vers ayant pour titre « L'Île », dédiée à Thrinakìa. Thrinakìa : Organisation de volontariat Les étoiles dans ma poche, Ateliers de l'imaginaire autobiographique, [En ligne], 2005-2015, [www.lestelleintasca.org], 2015.
    [2] Le prix Thrinakìa s'inscrit dans le cadre des activités des Ateliers de l'imaginaire autobiographique, un projet associatif d'animation sociale et culturelle soutenant l'expérience de la narration et de l'écriture de soi, finalisé à la réalisation d'un parcours étayé par une pédagogie de la mémoire et de l'imaginaire et une éthique de l'écoute sensible de soi et de l'autre. Les Ateliers de l'imaginaire autobiographique, dirigés et animés par le sociologue Orazio Maria Valastro depuis 2005 en Sicile, organisés en partenariat et en collaboration avec institutions et acteurs locaux, sont structurés suivant des activités éducatives complémentaires : les éditions annuelles de laboratoires expérientiels (le Laboratoire citoyens d'écritures autobiographiques - Chercheurs de mémoires, laboratoire pour la récolte d'histoires de vie et l'écriture de biographies - L'imaginaire dans l'écriture de soi, laboratoire pour l'exploration de l'imaginaire littéraire et autobiographique) ; les rencontres de Nautilus (écoute et lecture d'écritures autobiographiques) ; les séminaires de formation (cycle de séminaires annuels d'approfondissement sur l'imaginaire et la pratique de l'écriture autobiographique). Organisation de volontariat Les étoiles dans ma poche, inscrite au registre général de la Région Sicile (Italie) à la section socioculturelle éducative, [En ligne], 2005-2015, [www.lestelleintasca.org], 2015.
    [3] L'Archive de la mémoire et de l'imaginaire sicilien en train de se constituer à partir du projet des Ateliers de l'imaginaire autobiographique, va reposer sur l'idée centrale de créer un fond d'écritures de soi (récits de vie, journaux personnels, biographies) consacrées à la Sicile, nous permettant de saisir ce réservoir de survivance et reconnaissance énergétique (Durand, 1995) agissant comme moyen d'enrichissement (Wunenburger, 2003) par l'imaginaire de Thrinakìa.
    [4] Hervé Fischer, « Construire la théorie mythanalytique », Séminaire de recherche international Éthiques de la création, 5 décembre 2014, Paris, Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord.
    [5] Les œuvres de John Ronald Reuel Tolkien, sont un exemple illustratif de création culturelle où le mythe nous dévoile une vérité spirituelle fondatrice. L'auteur, défendant dans son poème Mythopoeia (Tolkien 2003) le recours à l'imagination, éclaircissant le lien entre narration, mythe et réalité, désigne le mythe en tant qu'instrument de vérité divine et éternelle.
    [6] Les auteurs et les œuvres cités ci-après ont fait l'objet d'une triangulation complémentaire entre l'expérience des auteurs ayant participé au prix Thrinakìa et l'expérience des groupes ayant participés aux ateliers de narration et écriture de soi. Cette approche compréhensive de la pratique de l'écriture autobiographique repose sur une observation directe et participante, une approche biographiques et prosopographiques, et une analyse qualitative de l'écriture autobiographique et des rhétoriques narratives des structures de l'imaginaire.
    [7] Nina Di Nuzzo Micalizzi (Alì Terme, 1937), Ma grand-mère disait - Dicia me' nonna, 1ère classifiée avec mention spéciale dans la section autobiographies à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [8] Nina Di Nuzzo Micalizzi, Aigres citrons et doux jasmins - Aspri limoni e soavi gelsomini, Enna, Il Lunario, 1999.
    [9] Ibidem, pp. 11-165
    [10] Lina Tringali (Catania, 1938), Les odeurs et saveurs de ma maison - Odori e sapori di casa mia, 2ème classifiée dans la section autobiographies à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [11] Carmela Pregadio (Enna, 1931), L'île de la mélancolie - L'isola della malinconia, 1ère classifiée avec mention spéciale dans la section récits autobiographiques à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [12] Carmelo Guidotto (Catania, 1957), 15 août : voyage de St. Christophe à la plage - Ferragosto : in viaggio da San Cristoforo alla Plaja, 2ème classifié avec mention spéciale dans la section récits autobiographiques à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [13] Alfio Giovanni Domenico Russo (Catania, 1967), DaguerreoTournage : le brouillard monte et enveloppe Erice - DagherroFilmando : sale la nebbia ed avvolge Erice, 3ème classifié dans la section récits autobiographiques à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [14] Philippe Loriot (Au Mans, 1961), De Palerme à l’Etna en juin 2004, 1ère classifié dans la section journaux de voyages à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [15] Le sacré sauvage de notre civilisation occidentale est cet espace où il est possible esquisser un parcours pour une autre connaissance de la vie quotidienne, faisant l'objet d'approches différentes parmi plusieurs chercheurs en sciences humaines et sociales. « Ce qui est nouveau c'est la grande mobilité du sacré, la diversité changeante des objets dans lesquels il se trouve investi (...) sa qualité d'énergie issue de l'exubérance d'une vie collective non encore endiguée et portée à la recherche de son sens » (Georges Balandier, Le désordre : éloge du mouvement, Paris, Éditions Fayard, 1988, p. 223). Sur la notion de sacré : Roger Bastide, Le sacré sauvage et autres essais, Paris, Éditions Payot, 1975 ; Mircea Eliade, Le sacré et le profane, Paris, Éditions Gallimard, 1965 ; Roger Caillois, L'homme et le sacré, Paris, Éditions Gallimard, 1980.
    [16] Ada Zapperi Zucker (Catania, 1937), - Les trois mariages de Cucchiara - I tre matrimoni della Cucchiara, classifiée avec mention spéciale dans la section hors prix à la 1ère édition de Thrinakìa.
    [17] Ada Zapperi Zucker, La Cucchiara : una famiglia siciliana, Munchen, Vog Verlag ohne Geld e.K., 2015, p. 19.
    [18] Sonja Gherbi (Acireale, 1978), Les pieds hors de l'eau, I piedi fuori dall'acqua, Archives Ateliers de l'imaginaire autobiographique, janvier-novembre 2014, pp. 128-129.

    Bibliographie

    Georges Balandier, Le désordre : éloge du mouvement, Paris, Éditions Fayard, 1988.
    Georges Balandier, « Le sacré par le détour des sociétés de la tradition », Cahiers internationaux de sociologie, v. 100, 1996, pp. 5-12.
    Roger Bastide, Le sacré sauvage et autres essais, Paris, Éditions Payot, 1975.
    Nathalie Bernardie-Tahir, « De l'insularité à la contre-insularité : un autre regard sur les iles », in Nathalie Bernardie-Tahir (sous la direction de), L'autre Zanzibar : géographie d'une contre-insularité, Paris, Éditions Karthala, 2008, pp. 11-20.
    Roger Caillois, L'homme et le sacré, Paris, Éditions Gallimard, 1980.
    Hervé Brunon, « Les paysages de Sicile décrits par les voyageurs français et britanniques aux XVI et XVIII siècles », in Mariella Colin et Marie-Agnès Lucas-Avenel (sous la direction de), De la Normandie à la Sicile : réalités, représentations, mythes, Saint-Lô, Archives départementales de la Manche, n. 2, 2004, pp. 173-193.
    Italo Calvino, La machine littérature : essais, Paris, Éditions du Seuil, 1984.
    Italo Calvino, Pourquoi lire les classiques, Paris, Éditions du Seuil, 1995.
    Maria Teresa Cassini, Alessandro Castellari, La pratica letteraria : interrogarsi attraverso la scrittura su se stessi e il mondo, Milano, Apogeo Editore, 2007.
    Gilles Deleuze, Cinéma 2 : L'image-temps, Paris, Éditions de Minuit, 1985.
    Elisabeth Coss-Humbert, « Des mondes inondés aux mondes exondés », in Christian Buchet (sous la direction de), Sous la mer : le sixième continent, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2001, pp. 97-108.
    Gilbert Durand, « Le voyage et la chambre dans l'œuvre de Xavier de Maistre », in Voyager doit être un travail sérieux, Romantisme, n. 4, 1972, pp. 76-89.
    Gilbert Durand, L'âme tigrée, Paris, Denoël-Gonthier, 1980.
    Gilbert Durand, « Le renouveau de l'enchantement, topos du mythique et sociologie », Le mythe dans la société contemporaine, Cadmos, n. 17/18, Genève, Centre Européen de la Culture, 1982, pp. 12-28.
    Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l’imaginaire : introduction à l’archétypologie générale, Paris, Éditions Dunod, 1992.
    Gilbert Durand, Introduction à la mythodologie : mythes et société, Paris, Albin Michel, 1995.
    Gilbert Durand, Sciences de l'homme et tradition :  le nouvel esprit anthropologique, Paris, Éditions Albin Michel, 1996.
    Yves Durand, L’exploration de l’imaginaire : introduction à la modélisation des univers mythiques, Paris, L’Espace Bleu, 1988.
    Mircea Eliade, Le sacré et le profane, Paris, Éditions Gallimard, 1965.
    Michel Fabre, Le problème et l'épreuve : formation et modernité chez Jules Verne, Paris, Éditions L'Harmattan, 2004.
    Michel Foucault, « La vie des hommes infâmes », Cahiers du Chemin, n. 29, janvier 1977, p. 12-29.
    Chantal Foucrier, Le mythe littéraire de l'Atlantide (1800-1939) : l'origine et la fin, Grenoble, Éditions Littéraires et Linguistiques de l'Université de Grenoble, 2004.
    Éric Fougère, « Insularité politique et poétique insulaire : le cas des voyages imaginaires et des utopies », in Mustapha Trabelsi (sous la direction de), L'insularité, Clermont Ferrant, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2005, pp. 379-402.
    Sigmund Freud, « L’inquiétante étrangeté », in Sigmund Freud, Essais de psychanalyse appliquée, Paris, Éditions Gallimard, 1971, pp. 163-210.
    Christian Gatard, Mythologies du futur, Paris, Éditions de l’Archipel, 2014.
    Arturo Graf, Miti, leggende e superstizioni del Medio Evo, 2 volumi, Torino, Ermanno Loescher, 1892.
    Maurice Halbwachs, La mémoire collective, Paris, Presses Universitaires de France, 1950.
    Friedrich Hölderlin, La mort d’Empédocle, Paris, Éditions Gallimard, 1929.
    Charles Mauron, Des métaphores obsédantes au mythe personnel, Paris, Éditions José Corti, 1963.
    Franco Musarra, Scrittura della memoria, memoria della scrittura : l'opera narrativa di Giuseppe Bonaviri, Firenze, Franco Cesati Editore, 1999.
    Rudolf Otto, Le sacré, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2001.
    Christine Pérez, La perception de l'insularité dans les mondes méditerranéen ancien et archipélagique polynésien d'avant la découverte missionnaire, Paris, Éditions Publibook, 2005.
    Joël Richard, « Cabotage liminaire », in Hervé Fourtina, Nathalie Jaëck, Joël Richard (sous la direction de), Insularités, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008, pp. 10-14.
    Paul Ricœur, Temps et récit T.3 : Le temps raconté, Paris, Éditions du Seuil, 1985.
    George Sand, Histoire du rêveur suivie de Jehan Cauvin, Paris, Éditions Montaigne, 1931.
    Margaret Sankey, « Est ou Ouest : le mythe des terres australes en France aux XVII et XVIII siècles », in Kumari R. Issur et Vinesh Y. Hookoomsing (sous la direction de), L'océan Indien dans les littératures francophones: pays réels, pays rêvés, pays révélés, Paris and Mauritius, Éditions Karthala, Presses de l'Université de Maurice, 2001, pp. 13-26.
    Georg Simmel, Philosophie de l'amour, Paris, Éditions Rivages, 1988.
    Strabon, Géographie de Strabon, Livre I-VI, Paris, Librairie Hachette, 1867, p. 461.
    Nicola Tanda, Dal mito dell'isola all'isola del mito : Deledda e dintorni, Roma, Bulzoni Editore, 1992.
    John Ronald Reuel Tolkien, Faërie et autres textes, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 2003.
    Orazio Maria Valastro, « Le désir dionysiaque de l'imaginaire méditerranéen », in Mabel Franzone et Alejandro Ruidrejo (sous la direction de), Le(s) Sud(s) : champs de l'imaginaire. Le Sud c'est notre Nord, M@gm@ Revue internationale en sciences humaines et sociales, vol. 8, n. 3, 2010.
    Orazio Maria Valastro, Biographie et mythobiographie de soi : l’imaginaire de la souffrance dans l’écriture autobiographique, Sarrebruck, Éditions Universitaires Européennes, 2012.
    Orazio Maria Valastro, « Le magma poétique du kaïros et le métissage de l’écriture de soi », in Georges Bertin (sous la direction de), Le magma constitutif de l'imaginaire social contemporain, Les Cahiers de M@gm@, n. 6, Roma, Aracne Editrice, 2013-a.
    Orazio Maria Valastro (sous la direction de), Thrinakìa: antologia della 1a edizione del concorso internazionale di scritture autobiografiche dedicate alla Sicilia, Messina, Edizioni Kimerik, 2013-b.
    Orazio Maria Valastro (sous la direction de), Mythanalyses postmodernes de la santé mentale, Les Cahiers de M@gm@, n. 7, Roma, Aracne Editrice, 2014.
    Orazio Maria Valastro, « Prefazione : incontro con la scrittura al femminile », in Ada Zapperi Zucker, La Cucchiara : una famiglia siciliana, Munchen, Vog Verlag ohne Geld e.K., 2015, pp. I-X .
    Simone Vierne, Jules Verne et le roman initiatique, Paris, Les Éditions du Sirac, 1973.
    Max Weber, Le savant et le politique, Paris, Éditions Plon, 1963.
    Christa Wolf, Cassandre : les prémisses et le récit, Paris, Les Éditions Stock, 2003.
    Jean-Jacques Wunenburger, La raison contradictoire. Sciences et philosophie modernes : la pensée du complexe, Paris, Éditions Albin Michel, 1990.
    Jean-Jacques Wunenburger, « Principes d'une imagination mytho-poiétique », in Pierre Cazier (sous la direction de), Mythe et création, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1994, pp. 33-52.
    Jean-Jeacques Wunenburger, « Insularité : du paradis à l'utopie », in Jean-Jeacques Wunemburger, La vie des images, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1995, pp. 215-222.
    Jean-Jacques Wunemburger, L'imaginaire, Paris, Presses Universitaires de France, 2003.




    Collana Quaderni M@GM@


    Volumi pubblicati

    www.quaderni.analisiqualitativa.com

    DOAJ Content


    M@gm@ ISSN 1721-9809
    Indexed in DOAJ since 2002

    Directory of Open Access Journals »



    newsletter subscription

    www.analisiqualitativa.com