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  • Mito y poder en las sociedades contemporáneas
    Mythe et pouvoir dans les sociétés contemporaines
    Mabel Franzone - Alejandro Ruidrejo (dir.)

    M@gm@ vol.11 n.2 Maggio-Agosto 2013

    LE MYTHE ET LA CRITIQUE DU MYTHE DANS LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE


    Ana Rita Di Barnaba

    hannah@autistici.org
    Maîtrise en Sciences de la Communication, Université de La Sapienza- Roma ; Prof. à l’Ecole « Chantemerle » de Suisse.

    Le mythe trouve un écho dans la psyché collective et éveille, en même temps, l’imaginaire et la logique de l’être humain. Ancien rappel à ses deux formes structurales : la logique d’origine aristotélicienne par exemple, et l’interprétation. Sa texture communicative est un récit qui évoque la puissance de la phoné (la voix) et de l’écriture pour sa force narrative capable de fonder une pratique sociale.

    « Un mythe se rapporte toujours à des événements passés avant la création du monde [...] ou [...] pendant les premiers âges [...] en tout cas [...] il y a longtemps [...]. Mais la valeur intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que les événements, censés se dérouler à un moment du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se rapporte simultanément au passé, au présent et au futur. […]La structure temporelle du mythe est double, historique et anti-historique…»[1]

    Le mythe signe l’existence dans la mort. Il est une révocation d’une absence corporelle, d’un défaut substantiel, défaillance de matière. En passant par sa narration, la voix donne une sorte de corporéité oblique, de présence indirecte à son être, à son exister. Les histoires se personnifient grâce à leur puissance narratrice. La fonction, la plus importante du mythe est le partage. Partager un langage symbolique qui permet de reconnaître pour pratiquer. Reconnaître quelque chose  en dehors du temps et de l’espace, une narration qui voyage dans les labyrinthes des récits de gens inconnus et qui enseignent au Monde. Je ne pourrai jamais voir ce que tu vois. Je ne pourrai jamais sentir ce que tu sens, mais il y a des traces générales pendant l’histoire du monde, dans lesquelles je me reconnais avec toi. Avec l’autre.  Je reconnais à travers l’autre, à travers sa voix, sa narration,  les émotions que  j’éprouve singulièrement, dans une façon absolument ‘unique et irrépétible’ [2] . C’est extrême tout ça, c’est le regard à l’inverse de la conscience du monde qui se déroule dans l’existence humaine de chacun grâce et seulement à la liaison avec le monde externe, avec sa voix. Un des moyens, que l’on peut affirmer le plus important, le plus original et authentique, la source qui a donné la vie aux narrations contemporaines et aux passages du code linguistique dans l’humanité entière est, et reste toujours la forme du mythe. Il répète quelque chose et en le disant, l’essence de l’histoire est évoquée, le mythe dévoile et révèle quelque chose de déjà connu, mais oublié ou pas encore traduit, pas encore codifié dans les consciences. Seulement à la fin du procès narratif nous nous en apercevons, nous saisissons un sens qui a toujours été présent dans l’existence des gens. La prise de conscience à travers la narration implique une pratique, vraie fonction, but du mythe, une sorte d’« initiation à la vie ». Et aujourd’hui ? Voilà un des problèmes sur lequel nous concentrer : fonction et crise du mythe. Il faut commencer par la pensée de J.F. Lyotard [3] et précisément par le bouleversement du savoir et la fin du pouvoir hégémonique des métarécits de la modernité. Tout ceci se développe à travers la crise du pouvoir narratif qui signe le passage de l’époque industrielle à celle de la « mondialisation ».

    Le tableau a été réalisé par Antoine Bourgeois

    Sur le fond de cette problématique s’inscrit aussi la vision du partager comme fonction primaire du mythe : en réalité nous sommes d’accord sur les contenus du mythe? Nous les partageons réellement ou nous les subissons simplement ? S’il y a la voix, donc il y a la narration, il y a nécessairement l’interprétation, un procès dynamique, actif, qui nous met   dans la position de ne pas être seulement soumis à la vie. Et aujourd’hui?  Et avant?  Si nous pensons à l’origine historique du mythe occidental, à la Grèce Antique, nous ne pouvons pas nier l’importante fonction formative, paideutique (pour l’individu, modelé en face du miroir de la réalité) que les narrations mythologiques avaient pour les cultures humaines. C’était l’art et l’apprentissage à la vie, c’était le récit de la réalité à la réalité pour la faire connaître, c’était le réflecteur de la vie de l’homme, l’étang de Narcisse, vue avec les yeux de l’homme. C’est l’homme qui se regarde dans les yeux et qui se donne la possibilité d’une vision globale de soi-même à travers le monde externe et ses procès mentaux. Mais il ne faut pas, une fois arrivés jusqu’au bout [4] de la montagne, redescendre et remonter le rocher pour l’éternité. L’homme comme ça, risquerait de se perdre entre les flots d’un sablier.

    Tournier attribuait à la mythologie non seulement une fonction sociologique, mais il faisait reconnaître l’incidence « biologique », car l’homme s’humanise par la mythologie : elle est la seule chose que lui permet de se détacher de l’animal. La narration mythologique édifie l’homme sur le plan sexuel, sentimental et cérébral ; donc sociologique, anthropologique et psychologique [5]. « Le mythe, c’est tout d’abord un édifice à plusieurs étages qui reproduisent tous le même schéma, mais à des niveaux d’abstraction croissante. » C’est toujours la pensée de Tournier qui parle en se rapportant, précisément, au mythe de la caverne de Platon. Il y a plusieurs niveaux d’interprétation dans le mythe, il peut nous apparaître comme une histoire pour enfants, une théorie de la connaissance, une histoire morale et aussi métaphysique, sans jamais  cesser d’être toujours la même histoire, ou presque. Le mythe est propre à une culture. Claude Lévi-Strauss appelle des « mythèmes » les convergences que nous notons en faisant la comparaison entre les histoires mythologiques de différentes cultures. La mythologie, avec sa façon de s’exprimer, permet le passage de l’abstrait au concret, du divin au réel, de la métaphysique à la réalité, c’est son histoire déclarée. Elle est traduite, validée et transmise par l’humanité à l’humanité. Tout ceci implique des risques : le bouleversement de l’homme et de la culture humaine que le passage des époques  ont marqué, a impliqué la destruction du mythe à travers le renouvellement de codes linguistiques,  sociaux et psychologiques. On pourrait hasarder des implications aussi sur le plan biologique si on pense au clonage ou aux cellules staminales. Nietzsche affirmait que la pensée mythique « s’effacerait au fil du temps ». Tournier conçoit les fictions littéraires comme les héritières du mythe. Le mythe passe dans l’Art. Il devient presque invisible dans la forme de la présence (directement liée à l’expérience du sujet). Le mythe s’esthétise.

    Il prend une  valeur plus esthétique dans sa narration. Il faut utiliser, pour le comprendre [6], une sorte de « phénoménologie du mythe » toujours en rapport avec son archéologie. Après avoir tué les dieux mythologiques, la narration du mythe se divinise dans les représentations  de soi-même toujours en racontant la même histoire : l’histoire de l’homme à l’homme, toujours en débordant dans les limites d’espace et de temps. Comment alors pouvons-nous déchiffrer les sens des contenus du mythe aujourd’hui ? Comment pouvons-nous apprendre la nouvelle fonction formative du mythe ? Le mythe de la mode par exemple, comment l’expliquons-nous ? Seulement en changeant les schémas généraux de la compréhension de la vie de l’Homme. Nous pouvons arriver à nous expliquer les nouveaux codes des messages. Le risque,  dans ce cas-là, pourrait être une désorientation de l’homme qui ne peut plus faire confiance aux codes anciens et à ses narrations et qu’il soit avalé par la futilité de la contingence, par des « fausses idoles ». Contingence qui amène à une forme de consommation inconsciente, fondée  sur  l'usure   du désir avant sa prise de conscience [7] . Si l’homme perd  les fondements du mythe, il risque aussi de perdre la structure permanente du mythe qui est indispensable pour la pratique du comprendre de l’être humain. Le monde extérieur peut  nous expliquer notre rapport avec lui-même ?  « Un contexte n'étant jamais absolument déterminable, il ne peut pas servir de protocole pour un code » [8] .  L’homme a toujours besoin de moyens interprétatifs forts et déterminables pour extraire les sens de la réalité, pour apprendre et pour pratiquer, ou plutôt pour apprendre à se pratiquer.

    Notes

    1] C.L. Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, p. 231. 

    2] M. Frank, Stil in der philosophie ,Reclam, Stuttgart, 1992.  

    3] J. F. Lyotard. ,La Condition postmoderne - Rapport sur le savoir, éditions de Minuit, Paris, 1979.

    4] Le sens se réfère au  jeu de mots entre bout et but d’un texte de J. D. Derrida Les fins de l'homme,  «Marges de la philosophie», Minuit, Paris 1972.

    5] Tournier raconte que, quand il écrivait Les Météores et qu’on l’interrogeait sur le sujet de son prochain roman, il répondait « c’est l’histoire de jumeaux parfaitement ressemblant ». Et ses interlocuteurs d’ajouter qu’eux mêmes connaissaient des cas semblables. «Il était bien inutile que j’entre dans les détails de mon projet. On les connaissait déjà, on me les récitait à l’avance. Je me félicitais : c’était la preuve que mon sujet était de nature mythologique».

    6] Voir question du « comprendre » de Gadamer. H.G. Gadamer, L'Art de Comprendre. Ecrits II.  Herméneutique et champ de l’expérience humaine, Paris, Aubier, 1991.

    7] Voir  les études de Freud sur la frustration du désir.

    8] J. Derrida, Avoir l’oreille de la philosophie (entretien de Jacques Derrida avec Lucette Finas pour la Quinzaine Littéraire du 16- 30 novembre 1972).

     



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