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  • Mito y poder en las sociedades contemporáneas
    Mythe et pouvoir dans les sociétés contemporaines
    Mabel Franzone - Alejandro Ruidrejo (dir.)

    M@gm@ vol.11 n.2 Mai-Août 2013

    L’AVENTURE... AUX CHAMPS


    Mikhael Filinger

    michel.ligner@orange.fr
    Le seize mars deux mille treize entre Armorique et Saintonge.

    « Un être rêveur heureux de rêver, actif dans sa rêverie, tient une vérité de l'être, un avenir de l'être humain. » Gaston Bachelard [1]

    Elle chante au milieu du bois, la source, et je me demande s'il faut croire à cette légende d'une fée que l'on y trouva... A partir de cette paraphrase d'un extrait de la belle chanson d'lsabelle Aubret : « La source », nous allons traiter ce quelque chose d'indicible et d'insaisissable qui surgit à chaque fois que nous voulons « penser » un mythe. C'est bien une aventure dans les champs et les bois et aussi dans les champs de la pensée ; elle se fait dans un croisement de la science et du mythe, comme le propose Henri Atlan. En effet, il nous faudra une pensée qui tienne les deux bouts de la chandelle pour comprendre la liaison avec le pouvoir détenu au sommet de l'Etat... en française démocratie.

    Tout d'abord, nous allons explorer une pensée scientifique où le mythe trouve sa place, notamment dans les écrits du physicien Bernard d'Espagnat et, sans perdre de vue la source et la fôret, nous allons consulter les interprétations de ces êtres vivants ; interprétations fondatrices de la Mythologie, d'après les enseignements d'Heinz Wismann.

    Notre hypothèse est que la convergence de la science et du mythe dans sa relation avec le Pouvoir aurait la vertu de nous ramener vers l'intérieur de l'être et vers une pensée contemplative, aux dires de Max Weber. S'il est plausible de rendre compte de cette pensée, de cette tendance qui acquiert 'une dimension citoyenne, on peut aussi rendre possible le réveil nature!, le réveil dans la Nature, cette Nature qui a tant inspiré Gaston Bachelard, auteur incontournable dans cet article.

    Images tirées d'albums d'enfance conservés dans un bonheur-du-jour

    En France, tout finit par une chanson, se plaisait à écrire dans « Le mariage de Figaro » Pierre de Beaumarchais, en 1784, quelques années avant que la République française entonnât la Carmagnole.

    Et si justement, on commençait par une belle mélodie pour oser tenter l'aventure aux champs... Une belle chanson de Guy Bonnet, interprétée merveilleusement par lsabelle Aubret, à Londres, le 6 avril 1968, au grand concours de l'Eurovision où elle finit troisième.

    Quelques jours avant ce tremblement d'histoire que fut mai 68, « La source » jaillissait sur les écrans en couleurs et, miracle de la technique, voici que vous pouvez maintenant la revoir et l'écouter de nouveau, en quelques clics. (lsabelle Aubret - la source - YouTube et Eurovision 1968 - France - YouTube).

    Rare, sans doute, la résistance en ce temps-là qui n'avait pas lu Herbert Marcuse et cependant touchée « poétiquement » par la musique et les mots chantant l'onde mystérieuse, trois lustres avant que l'homme du laboratoire « Physique théorique et particules élémentaires » nous invitât à aller plus loin ...en cette herbe de mai où un jeune chat aimerait chasser [2] .

    Les manifestations de la vie évoquant de façon vague des possibilités non réalisées et le sentiment de ce qui pourrait nous servir obscurément d'initiation à la notion de réalité derrière-les-choses, selon le physicien, n'étaient pas, on s'en doute bien, des sujets de conversation habituelle, à la maison de l'esprit idéalement positif. Alors, bien sûr, on nous objectera qu'à l'époque, les douces bergères de nos campagnes tout droit sorties des confessionnaux, rêvant de la ville sans brandir la moindre pancarte, ne se sont pas montrées dans les bois trop réticentes aux avances des ninivites dans cette crise où la violence, la fête et la liberté ont joué en tel tumulte le scénario indéchiffrable d'une sorte de psychodrame lyrique et lacrymogène, comme l'écrivait avec talent André Frossard au début des années quatre-vingt [3]. Après tout, c'était leur droit et il n'y a rien de plus normal que de vouloir vivre sa vie. Brisons là.

    Et si nous allions de ce pas réveiller la princesse au bois dormant... Elle porte un nom, elle s'appelle science. Nous la trouverons dans cette mise en rapport multidisciplinaire des acquis les plus récents de la psychanalyse, de l'épistémologie, de la phénoménologie religieuse et des avancées théoriques les plus en pointe. L'homme qui mène le bal, un penseur qui sait s'amuser en nous présentant la belle qui a voix au chapitre, met en jeu une recherche passionnée et une critique qui nous réconcilieraient à la vie [4].

    Que nous dit-il du mythe, ce savant homme, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, qui connaît la terre de France et fait de la résistance dans et par les livres ?

    Que l'idée rectrice du mythe, c'est sa matrice d'images plus importante que son histoire ou sa fonction sociale. En d'autres termes ce sont les archétypes qui se trouvent mis à l'épreuve qui doivent d'abord nous retenir. Et l'auteur, de citer C.G.Jung à tout bout de champ dans son essai qui danse ! Voici venir le temps des écoles, des humanités, des livres et revues spécialisées, des émissions à la radio, à la télévision, des colloques et des conférences. Rien de nouveau sous le soleil de nos tropiques intellectuelles et toujours la belle ... endormie. Toutes ces bonnes volontés, ces bonnes gens instruits que nous aimons lire et relire ont-ils parlé aux oiseaux, aux arbres et au ruisseau, quand le temps n'était pas trop froid ?

    Heureux celui qui est réveillé par la fraîche chanson du ruisseau, par la voix réelle de la nature vivante. Chaque jour nouveau a pour lui le dynamisme de la naissance. A l'aurore, le chant du ruisseau est un chant de jeunesse, un conseil de jouvence. Qui nous rendra le réveil naturel, le réveil dans la nature. (Gaston Bachelard) [5]

    A la page d'une lntercritique de la science et du mythe pour faire !'apologie d'une raison rusée qui pense en tenant les deux bouts [6]. Pour le médecin qui a trouvé le remède à la tentation d'unifier le tout dans la synthèse d'une connaissance initiatique où se dévoilerait une Réalité Ultime éternelle et ubiquitaire, il est pour lui dans l'humour sérieux de la multiplicité et de la relativité des jeux de connaissances, de raison, d'inconscient et de langage. Voici un dialogue possible et ce jeu des jeux peut être joué [7].

    En prenant le risque d'être vague, non d'être contredit mais incompris, on finit par s'exprimer de façon bizarre. Non point parce que Wittgenstein parle de cette façon-là mais parce qu'elle est le ciment qui nous permet de vivre en recevant notre nourriture de divers champs qui ne se recouvrent pas. Ainsi, se justifie la découverte du nouveau par un va-et-vient permanent d'un cadre de référence à un autre [8].

    Quand le professeur Henri Atlan s'explique sur le besoin d'expliquer l'activité explicatrice - expliquer le besoin d'expliquer - dans un chapitre sur une éthique qui tombe des cieux ou plaidoyer pour le Wishful thinking, il prend bien soin de noter que « prendre ses désirs pour la réalité » est évidemment le propre de la mauvaise science, mauvaise en qualité, mais aussi, parfois, pervertie par l'idéologie. Et de faire allusion à l'un des slogans qui fleurissaient sous les pavés de mai 68 et aux « enfants des fleurs » de San Francisco [9].

    Ce chercheur chevronné des sources de l'identité juive n'est pas le prophète Elie et ce n'est visiblement dans le journal de réimmersion 'de notre cher Edgar Morin qui attend un nouveau Moïse, qu'il va trouver en cinq sec le point sinaïque ou l'espoir de civiliser l'homme - et le faire évoluer en profondeur. Même dans « Le vif du sujet » quelque chose le laissera sur sa faim ... La pensée, écrit l'auteur dudit journal, ne doit être ni sorcière (agitant un maître mot), ni souricière (voulant faire entrer la vérité dans une trappe conceptuelle), mais sourcière [10].

    Citant Jean Beaufret, H. Atlan conclut sa réflexion sur •l'éthique de vie dissociée du savoir objectif, en ces termes : « Quoi qu'il en soit de l'avenir de nos sociétés, l'état de fait actuel nous invite à ce que J. Beaufret appelle une « réflexion généalogique ». Le propre d'une telle réflexion serait de remonter «jusqu'à la source, à partir de ce qui émane de la source, mais où la présence de la source s'était laissé oublier » [11]. Et de continuer dans son plaidoyer pour une généalogie de l'éthique : « Essayons donc de remonter à la source de l'éthique, à partir de ce qui émane à travers le rituel, où la présence de la source s'était laissée oublier » [12].

    On observera que l'orthographie du participe passé « laissé(e) » diverge. J. Beaufret cité par H. Atlan n'accorde pas le participe, puisque pour lui, le sujet de «se laisser » n'est pas en même temps sujet de l'action exprimée par l'infinitif: la source a été oubliée. Plus loin, Henri Atlan qui accorde le participe passé montre que le sujet du verbe pronominal est aussi celui de l'infinitif: c'est bien elle, la source, qui s'oublie, comme on dira d'une personne qui s'est laissée mourir. Il y a nuance et elle est d'importance. Cela dit, il faut être clair, l'auteur, Monsieur Henri Atlan, dans une correspondance privée en date du 29 octobre 1995, écrit:

    « Les « e » en trop ou en moins que vous signalez ne sont que des fautes de frappe parmi d'autres qui ont échappé à la vigilance de l'auteur et d'autres correcteurs d'épreuve, mais pas à celle d'un lecteur attentif comme vous-même » [13].

    Pour H. Atlan, les règles éthiques trouvent toujours leur origine dans un rituel, soit qu'elles en fassent toujours partie intégrante, soit qu'elles s'en soient séparées dans un processus de laïcisation. Aussi, se risque-t-il à imaginer un scénario plausible de l'origine « surnaturelle », « tombée du ciel » des injonctions du rituel, d'un point de vue extérieur (d'observateur « objectif ») qui ne nie pas pour autant celui de l'intérieur (du participant, à la fois sujet et objet de ces expériences). La contradiction entre une représentation mythique du monde et une représentation scientifique n'est qu'apparente. Comme l'écrit Lévi-Strauss : « Peut-être découvrirons-nous un jour que la même logique est à l'épreuve dans la pensée mythique et dans la pensée scientifique, et que l'homme a toujours pensé aussi bien ». Opposer mythe, science et philosophie est stérile et illusoire. C'est croire que les mythes ne sont que des contes d'enfants, fabriqués par ses esprits incultes, ce qui est loin d'être le cas [14].

    Et Serge Carfantan de terminer sa leçon, en ces termes : « Si nous faisons tomber cette illusion, nous pouvons dès lors redécouvrir la pensée mythique la plus ancienne avec un regard neuf, vierge de présupposés. Nous découvrirons alors, comme le dit Lévi-Strauss, que l'homme a toujours pensé et nous saurons voir la beauté et la profondeur des textes anciens au lieu de les traiter avec mépris et condescendance » [15].

    En d'autres termes, toujours le même refrain avec la difficulté de concordance dans le temps ! Sur le site susmentionné, la très belle leçon 27 traite magnifiquement de « L'imagination et l'imaginaire ». On peut lire dans cette belle dissertation pour étudiant qui cherche à penser : « La permanence des mythes dans toutes les civilisations nous montre que l'imaginaire a aussi une dimension collective qui est un reflet des valeurs d'une culture ». Et de conclure par ces mots : « Ainsi l'imaginaire n'est assurément pas le réel, mais ce n'est pas pour autant seulement un domaine d'évasion. Dans l'imaginaire se projette une profondeur que l'intellect ne parvient pas à conceptualiser entièrement. La puissance de l'imagination permet souvent d'approcher de manière plus riche et vivante le réel que ne le permet le concept. Et cependant, d'un autre côté, l'intuition peut aussi parfois dépasser le pouvoir figuratif de l'imagination. » Et là, le cherchant qui désire étudier avant d'oser penser, se rappellera sans doute dans ce très beau passage de « L'intuition de l'instant », page 138, la question de Gaston Bachelard -qui n'est oncques cité dans la précédente leçon mentionnée¬ et de la réponse de son ami, Gaston Roupnel : « Explique-t-on la poésie ? » : « Une intuition ne se prouve pas, elle s'expérimente » [16].

    Alors que peut la science ? Vive question qui a voix au chapitre de « La science en jeu » où nous trouvons, page 127, cette réponse du philologue, spécialiste d'herméneutique des traditions savantes, Heinz Wismann : « Je croise souvent un vieux paysan en Dordogne. Dans nos discussions, lorsqu'il veut vraiment avoir le dernier mot, il commence la phrase qui doit clore la discussion par : « J'ai toujours entendu dire... ». Cela signifie qu'il existe un récit, un ensemble de logos, de jugements d'attribution qui sont égrenés dans cette narration et qui permettent de résoudre les problèmes liés à la situation présente. Cette façon d'interpréter le présent à la lumière d'un passé qui doit se répéter fonde la mythologie. » Comment ne pas penser à un autre paysan, celui qui répond à la question du jeune prince, croisé en forêt, sur le château de la belle au bois dormant ? L'appel à une authentique culture ouverte à la complexité, soucieuse des implications, désireuse de « l'expansion des choses infinies » tait un livre qui se vend mais ne donne le frais baiser qui réveille la princesse et anime le château. Que sera sera... « Je cherche une science belle (...). Sort le savant, voici l'enfant» [17]. On a trouvé la petite poucette, c'est-à-dire un code, c'est-à-dire un nom de guerre... Mais point de berceau.

    Revenons à nos sources... avec Manon et Le Ménon, Pagnol et Platon ! On récupère mais jamais ne surgit la question des sources premières du mythe, écrit l.Kieser qui connaît parfaitement l'argumentation du professeur Henri Atlan et a beaucoup apprécié son lntercritique de la science et du mythe. Cependant, il ne messied pas de citer finalement ses réserves : « Mais Atlan oublie l'histoire dans sa fougue juvénile, que la vérité comme une maîtresse, semble se détourner de son amant que l'angoisse alors étreint. L'homme blanc a perdu sa religion et la science fait pâle figure devant l'univers. Il n'est que les ignorants pour le savoir... « Bienheureux les pauvres en esprit ! »

    Allons faire un tour du côté de celui que fut l'ami des sources. Son héroïne, charmante sauvageonne qui ne perd pas la mémoire, tait tout pour retrouver... la source. Manon rencontre la pensée instruite de l'instituteur qui collectionne des cailloux. Ensemble, ils triomphent de la bêtise ambiante et tout finit bien en robe blanche aux portes de l'église avec la bénédiction de Monsieur le curé. La morale est sauve, le poète honoré, et le bon sens de la campagne provençale l'emporte finalement. Petit Poucet, aujourd'hui ne collectionne pas de cailloux. Il les sème pour trouver un chemin que ne mène nulle part mais qui va ... quelque part. Michel Serres nous dit que :

    «... lettres et sciences perdent une vieille bataille (...) qui commença au Ménon, dialogue de Platon, où Socrate géomètre méprise un petit esclave qui, loin de démontrer, use de procédures. Ce serviteur anonyme, je l'appel/e aujourd'hui Petit Poucet: il l'emporte sur Socrate ! Retournement plus que millénaire dans la présomption de compétence ! » [18]

    Images tirées d'albums d'enfance conservés dans un bonheur-du-jour

    Voyage de notre âme ou passé de notre espèce?

    Souvenirs, souvenirs « Il n'y a pas d'enseignement, mais réminiscence». Pour Monique Dixsaut, auteur de « Platon, le désir de comprendre » :

    (...) le mythe de la réminiscence qui raconte que l'âme avant la naissance aurait tout compris et, en s'incorporant, tout oublié, est justement un mythe (...) l'idée n'est pas un concept, elle n'est pas la cause de l'existence de la chose [19].

    Dans une préface inédite, écrite à Authon (Loir-et-Cher), en 1977, un homme de pouvoir, Président de la République française, écrivait : «Une civilisation n'apparaît pas à la sollicitation, moins encore pour répondre à la nécessité tactique, ou au besoin d'un « choc psychologique ». Elle vient de la rencontre de l'esprit et de la sève de l'espèce humaine. Elle s'exprime par la vision prophétique. » Et l'auteur d'ajouter, plus loin : « Quel est le rôle de la France ? » « D'abord rechercher l'excellence dans son organisation sociale, dans sa capacité professionnelle et intellectuelle, dans son aptitude à comprendre les forces qui mènent le monde de notre temps : être une nouvelle Grèce. » Et de conclure la préface inédite de son livre, en ces termes :

    « Puis aider à germer les idées qui conduiront la survie politique du monde et celle de notre espèce. Le Laboratoire où elles se cherchent ne peut pas être localisé. le souhaite qu'il soit proche de nous. Mais le jour où la lumière d'une nouvelle idée civilisatrice s'allumera quelque part, j'assure que nous serons les premiers à la reconnaître » [20].

    L'auteur de cette préface inédite était Président de la République française, en ce temps-là. Le 7 septembre 1976, un peu plus de trois mois après la mort de Martin Heidegger, auteur de « L'être et le temps », le chef de l'Etat français dans son projet pour la France « Démocratie française », où ne figurait pas encore le préface inédite susmentionnée, écrivait ainsi les dernières lignes de son ouvrage dédié à Marianne et à Gavroche :

    « Après que tout aura été ouvert, libéré, humanisé par notre effort commun, il restera à attendre que jaillisse d'un esprit, ou plus probablement d'un mouvement de la conscience collective, ce rayon de lumière nécessaire pour éclairer le monde, celui d'une nouvelle civilisation, réunissant dans une même perception spiritualiste, l'affranchissement de l'être et le tracé du destin de l'espèce. Mais cela nous ne le savons pas encore » [21].

    Une seule question : Quèsaco ? Et la réponse... Je me souviens de celle de mon député, un soir, par l'entremise du standard d'une chaîne de télévision régionale, qui m'a répondu en ces termes, à propos de cette conclusion spiritualiste de « Démocratie française » : « Elle est très explicite. »

    Voici un extrait d'un texte écrit à Paris, le 25 décembre 1976 par !'artiste Georges Mathieu et paru dans le n° 1442 de« Paris-Match » du 14 janvier 1977 sous le titre « En France l'art ne compte pas » [22].

    « Dans ce vide immense de la politique contemporaine-de-droite comme de gauche-fondée sur les seuls objectifs économiques et juridiques, concernée plus par les réalités politiques que par les réalités de la vie, dans ce vide immense de la pensée et dans cette immense « désertification de l'espérance » que nous dit-on ? Que nous dit-on au sommet de l'Etat ? ATTENDRE. .. !

    « Attendre que jaillisse d'un esprit ou plus probablement d'un mouvement de la conscience collective ce rayon de lumière nécessaire pour éclairer le monde !

    « L'homme occidental reste informe parce qu'il attend » répond Lazare-Malraux. Paradoxe de la France qui nous regarde dans les yeux, mais dont les républiques sont aveugles » [23]. Et le peuple de France pour qui ce livre « Démocratie française » a été écrit, que pensait-il de cette idée, de cette vision prophétique ? li y avait des gens dits « de droite » qui l'ont acheté, et peut-être, est-il encore à ouvrir dans les rayonnages de leurs salons et ceux dits « de gauche » qui l'ont critiqué sans le lire! J'aime à relire ce passage de l'essai intitulé « Du chef de l'Etat » où pas une seule fois, le nom du Président de la République, auteur de « Démocrate française » est mentionné :

    « Le chef de l'Etat a élevé ses regards. Il a vu le monde qui roulait dans un ordre voulu par ce qui est supérieur à tous /es chefs de tous les Etats ? Et de haut, à son apogée, à l'image du satellite photographiant l'ensemble, il voit l'état des choses et de l'Etat, l'homme et l'homme français, et son pays accolé aux autres sur la planète dans sa révolution. Par l'esprit, il embrasse la France. Le paysage politique est incertain, caché par les nécessaires nuages de chaque jour. La droite est une nébuleuse tragique. Les éperdus qui s'en réclament ne savent plus à qui se vouer. Cette droite a deux ailes, comme un goéland sur une plage de marée noire. L'une sciemment spiritualiste, n'a aucune prise sur le réel. L'autre, dans son autre rêve, est dangereusement matérialiste. Au milieu, c'est le magma. La gauche est au fond du gouffre de l'esprit, qui n'est pour elle que matière consciente d'elle-même . Sur ces deux parties du paysage, ces restes d'un chaos qui fut ordre, il faut s'appuyer et s'élever. Parler à la planète, ce globe enfin visible et qui peut à tout instant entendre tout message, est un devoir d'Etat. Un home seul, dans l'Etat, a le pouvoir de ce devoir. Attaché à l'événement, comme il le doit, autant qu'il doit se détacher de lui, comme il le peut, le chef de l'Etat espère, pour le monde enténébré, le jaillissement d'un esprit, « ou plus probablement, écrit-il, d'un mouvement de la conscience collective ». Mais n'existe-t-il pas déjà, ce mouvement ? Et ne suffit- pas de l'accompagner ?[24]

    Quelle drôle d'idée ! Mais quelle idée ? Dans sa préface du livre de Michel Salomon « L'avenir de la vie » Edgard Morin cite Karl Marx qui disait qu'il ne suffit pas que l'idée aille vers le réel : il faut aussi que le réel aille vers l'idée... [25]

    Alors imaginons le citoyen français, perdu en son coin de te re, lisant la conclusion du livre du Président de la République ... Il se pose naturellement des questions et se demande bien ce que le sommet de l'Etat entend par ses mots visionnaires. Seul sans doute dans son minuit intellectuel, demeuré, il cherche une réponse à sa question : Quèsaco? Il voudrait ouïr un sens à ces bruits prophétiques mais aucun cor à l'horizon pour lui sonner la nuance explicative. Nous sommes à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt . Le citoyen ordinaire regarde la télévision du fin fond de sa campagne et notamment la belle émission de Georges Suffert « La rage de lire »._ Et là, un beau soir, il découvre un invité parlant de son livre sur le plateau. li s'appelle Bernard d'Espagnat et son livre s'intitule « A la recherche du réel - le regard d'un physicien. » Ce que dit l'auteur, directeur du Laboratoire «Physique théorique et particules élémentaires » à l'Université de Paris Xl - Orsay, plait au citoyen lecteur que va s'empresser d'acheter l'ouvrage.

    Et passe le temps avec des réponses reçues de M. Bassot, collaborateur personnel à l'Elysée de l'auteur de « Démocratie française », qui cite longuement dans sa correspondance au citoyen français, le livre de Friederich Engels « La dialectique de la nature. » Mais cela ne semble pas le satisfaire pleinement, il reste perplexe sur la fin du projet écrit pour la France et aussi sur sa faim de lecteur. Un jour, le 27 septembre 1981, il décide de prendre la plume et d'écrire au physicien Bernard d'Espagnat dont il a lu le livre «A la recherche du réel. ». M. d'Espagnat lui répond le 7 octobre de la même année. Une date que nous rappelle les hommes de bonne volonté de Jules Romains, dont le but est effectivement de comprendre le réel. De son laboratoire de l'Université Parìs-Sud, le physicien écrit au citoyen questionneur, en ces termes :

    « J'ai lu et relu attentivement votre lettre plusieurs fois. Je suis sensible à votre questionnement et j'apprécie vivement le fait que, à partir des données actuelles, vous cherchiez aussi activement à comprendre. J'ai été intéressé par les citations que vous faites du livre de M. Giscard d'Estaing, citations qui expriment un espoir (qui ne peut manifestement qu'être tout à fait vague) en l'apparition d'une nouvelle manière de voir les choses » [26].

    Cette nouvelle manière de voir les choses peut-elle éventuellement s'appuyer sur la science ? Et que donnera-t-elle en pratique ? Ce sont finalement, là les questions que vous semblez poser. Question évidemment trop vaste, à propos desquelles personne, je pense, n'a pas de réponse définitive à présenter. Les éléments de réponse que je pourrais vous apporter sont bien trop complexes pour que je puisse les développer dans une lettre. Si vous voulez connaître à cet égard mon opinion je ne peux donc mieux faire que de vous suggérer de relire posément les chapitres 9, 10 et 13 de mon ouvrage. le n'ai pour l'instant, rien de plus précis à vous dire que ce que vous trouverez là. Et si cela ne répond pas à vos questions, concluez en que ce sont des questions auxquelles je n'ai pas de réponse... » (Fin de citation) [27].

    Que dit le chercheur du réel dans les chapitres indiqués ?

    D'abord, il commence par ses questions enfantines : « Combien grosse était la citrouille ? De quelle couleur les bottes du chat ? Et de poursuivre : « De même raison et nos désirs harcèlent-ils notre entendement positif. Alors toute cette physique... N'accoucherait-elle en définitive que de règles et de recettes ? Les détails précis, certes, ne manquent pas (...) Là où la vraie difficulté commence (...) c'est bien entendu, quand il s'agit de faire un tri dans tout cela; quand il s'agit de mettre de côté tout ce qui est seulement description de modèles, et de voir s'il reste quelque chose. »

    De ce chapitre qui regarde par-delà le poste de douane, se dégage un sens : « Il s'agit de l'Etre et, avant tout, de cette unité de l'Etre qui est commune aux indications de la physique et à ce qu'il y a de plus essentiel dans l'intuition d'un Spinoza. » Et de conclure ledit chapitre, en ces termes : «Et ce serait un contresens que de comprendre le choix d'un réalisme non physique comme une négation de l'intérêt de la recherche scientifique en ce qui concerne le savoir pur ».

    De ce choix du physicien, des objections demeurent et l'auteur dans une note en bas de page apporte des réponses spécifiques. Pour l'auteur, il est une vérité de tous les temps qui fut pressentie par les amoureux des idées : il faut faire appel aux mythes ou aux modèles. (Chapitre 10} Aussi serait-il très absurde qu'elle nous chagrinât aujourd'hui, pense M.d'Espagnat qui poursuit en posant les questions : « Les modèles scientifiques sont-ils les mythes de notre temps ? Sont-ils au contraire des anti-mythes ? » Et de répondre:

    « En fait, la parenté entre les mythes et les modèles est quelque chose d'assez subtil. Elle est faite à la fois de ressemblances et de différences essentielles. » et de mettre en garde le lecteur sur le danger des analogies . Aussi l'idée du « Tout est sensible » apparaît pour le physicien comme n'étant ni à rejeter ni à soutenir sans réserves. Il recommande au passage une prudence très spéciale à propos de la publicité accordée aux phénomènes parapsychiques dont l'existence, écrit-il, est considérée comme indubitable par un certain nombre de personnes au jugement sérieux. Pour terminer son chapitre sur les mythes et modèles, il nous dit qu'il n'y a pas d'inconvénient à considérer la doctrine du «Tout est sensible » comme constituant un grand et beau mythe. Et de préciser que si quelque sage, au terme d'une longue méditation, est parvenu à des convictions animistes il faut qu'il sache que même un homme de science peut le comprendre, et enrichir par-là ses vues personnelles sur le monde. Que pourrait-il donc se dire, c'est ça qu'il faudrait savoir ... Ce qui est súr, c'est qu'il s'agira d'aspirations tendant à une intelligence des rapports autres que d'action qui peuvent exister entre l'esprit humain et la réalité profonde. Ainsi concluait le physicien, à la fin du chapitre consacré aux mythes et modèles ! Le chapitre 13 s'intitule « Regards » Regardons de près ce qu'il en est :

    « Schématiquement, il est banal de constater que l'homme moderne ploie sous le joug soit de la misère soit de la répression idéologique soit, au mieux, de la vanité consommatrice. Et que ces jougs, quelque divers qu'ils soient, sont tous générateurs d'infantilisme: lequel engendre l'obscurantisme (...) La simple évocation des activités culturelles et des recherches universitaires de nombreux pays évolués semble suffire à réfuter cette analyse (...} Mais toutefois en partie seulement : car ces activités si remarquables, d'une part elles engrènent mal sur la pensée intime de la majorité de nos contemporains et d'autre part elles sont par nature essentiellement fragmentaires. Ce sont d'admirables « morceaux ».Mais il n'y a nulle part une statue » [28].

    Selon le physicien :

    « ... il est certaines hypothèses qu'il ne peut pas tenir pour absurdes, même s'ils les considèrent - d'après ses critères propres - comme hasardeuses. L'une d'elles est que chaque être humain ait la possibilité d'établir quelque pont vers l'être. Plus précisément, il n'est pas exclu qu'il y ait entre chaque homme particulier et l'être une relation, ineffable certes, mais qui se traduirait le moins mal possible par l'expression « un appel de l'être à l'homme. » Un tel appel, s'il existe, c'est bien naïvement sans doute que nous l'interprétons - inévitablement ! - comme un appel à une action ou une œuvre, ou simplement à nous réaliser. (...)une telle relation devrait bien plutôt transcender le temps, à certains égards tout au moins ( ...) en définitive, en ce qui concerne cette question du regard porté sur l'être - ou « sur le réel » (...)l'ultime sagesse que puisse enseigner la physique (...) est qu'il doit contempler la réalité indépendante, la substance de Spinoza, ou plus exactement, puisqu'il ne peut, précisément la contempler en soi, il doit en contempler l'idée. Il doit y admirer la source des phénomènes, de la beauté et des valeurs et aspirera la rejoindre tout en la sachant aussi inaccessible que l'horizon » [29].

    Toutes ces belles choses si savamment exprimées qui ont voix aux chapitres d'un essai en quête de réel ont-elles répondu à !'attente du citoyen ordinaire, lecteur qui cherchait à appréhender le sens des mots d'avenir, écrits sur les tables de la démocratie sous l'égide de la république ? A nous de juger par cet extrait d'un article rédigé par le citoyen ordinaire dans le mensuel de la Libre Pensée nationale « La raison » (n° 312, novembre 1986, page 7) intitulé « La libre pensée et la démocratie. »:

    « lmaginons nos sous-smicards, dont je suis d'ailleurs, en train de lire des projets politiques contemporains d'auteurs comme Mitterrand, Giscard d'Estaing, Pompidou ... Eh bien miracle ! Ce ne sont pas des grandes réflexions d'Edgar Quinet que nos bonnes gens découvrent, mais tenez-vous bien, une espérance. Eh oui, quelqu'un capable de trancher le nœud gordien des problèmes humains, d'affranchir l'être et tracer le destin de l'espèce. Seulement, c'est au futur que s'expriment nos grands hommes. Et sur ce problème de « laboratoire », ils nous invitent à chercher à comprendre. Mais que peut-on comprendre d'une prophétie ? lmaginons encore nos concitoyens, soucieux de leur libération, même s'ils n'ont pas lu Marcuse (...) s'adressant à leurs députés pour qu'ils expliquent cette « bonne nouvelle. »

    Que répondront-ils ces chers élus, bien au chaud financièrement parlant, dans leurs permanences ou je ne sais dans quelle chambre ? Rien. Le penseur libre cherchera incessamment dans les laboratoires de nos universités et pourquoi pas dans quelque secrétariat du Vatican ? Alors, peut-être fatigué par tant de réponses vagues, il pensera à cet -« homme sans nom » de P S Ballanche et puis, peut-être, s'en ira quelque part dans un lieu retiré finir ses tristes jours ? Eh bien moi, je dis non ! Il faut gagner la Bastille du savoir. C'est¬ à-dire, la prendre. C'est le cœur du futur. Et savoir, c'est se montrer responsable là où l'on est. (...) Que se lève l'aube de ce jour nouveau! Soyons, penseurs libres, les techniciens d'une nouvelle civilisation » [30].

    Ainsi parlait dans la presse militante rationaliste, un citoyen de base au courant du fait que les mythes, les légendes, les contes, les rêves provoqués peuvent avoir effet de catharsis. Mais il était bien de ceux qui ne pensaient pas qu'il soit d'une utilité quelconque d'ériger en modèle l'hystérie ou la folie mystique, fût-elle sanctifiée. Pour la Libre pensée, le spirituel étant ce qui appartient à l'esprit, à la finesse, à l'intelligence, ne peut que s'aider de la Raison et convenir aux libres penseurs que nous sommes, écrivait, page 5 du même mensuel n° 312, René Labregère, membre du comité de rédaction de « La Raison » [31].

    Ce citoyen qui a les pieds sur terre, si l'on en juge par ses propos, a beau en appeler à l'exigence de la rationalité, il ne demeure pas moins quelque part un peu rêveur en conjuguant ses idéaux au mode optatif... Et la résistance culturelle de ce drôle de lecteur de « Démocratie française », si tant est qu'encore elle existât, se lira peut-être dans une stratégie paradoxale s'efforçant d'ouvrir un espace culturel à la fois original et général. Et là, pas de vœux pieux, pas de belles envolées littéraires, des preuves, rien que des preuves ! Du concret, quelque chose que l'on puisse toucher du doigt... Mais comment entrer dans son jeu sans connaître les enjeux du savoir où se profile dans l'onde mystérieuse d'un ruisseau du Quercy, l'Ondine du moderne physicien ? [32]

    Se faire petit oiseau et aller picorer par la fenêtre ouverte des colloques, les nourritures que laissent les gens qui savent, en Bourgogne, en Normandie ou à Rio... Allons savoir en prêtant l'oreille ! -:

    « Oui, le sujet quelconque comme personne, car c'est justement en transcendant vertigineusement nos intérêts immédiats, dans l'anonymat le plus détaché, et désintéressé que nous retrouvons la part la plus noble de nous-mêmes. Et pour Bachelard, c'est aussi et surtout la pensée scientifique qui peut nous amener à cette expérience », affirme Carlo Vinti, de l'Université de Pérouse.

    Dans « La dialectique de la durée », Gaston Bachelard parle de la profondeur métaphysique de la vie retirée, de l'éloignement du monde et de l'affermissement de la solitude morale. Au fond, l'individualisme désincarné serait-il la condition première d'un universalisme incarné ? Quels sont les rapports du rat qui s'est retiré du monde avec les députés du peuple rat qui, chez lui, s'en sont allés pour demander quelque aumône légère ?

    Pour le plaisir d'un moment de fraternité, Régis Debray, l'a mis à la page (19) mais ce que dit le moine à Ondine n'a pas voix au chapitre. Monsieur de La Fontaine se moquerait-il, aujourd'hui, du travail personnel d'un sujet quelconque tout empreint des effluves du matérialisme rationnel et du rationalisme appliqué et se reposant dans la cité savante sous la couronne de laurier d'un intellectualisme « spécial » et purement bachelardien ? A l'aréopage, le colibri n'a pas entendu les réponses aux questions, puisqu'elles n'étaient point posées...

    Il y a manifestement coupure entre gens qui savent, les universitaires par exemple, et le peuple d'en bas qui pose des questions qui restent sans réponses. Que dire de cette coupure ? Existe-t-elle vraiment ? Homme de talent qui sait écouter les gens tout en sachant garder la distance avec les clameurs de la gent marécageuse, quelqu'un a su critiquer les herméneutiques confusionnistes et plaider avec maestria pour une éthique de la séparation. Président de l'association des amis de Gaston Bachelard, cet homme de Dijon, agrégé et docteur en philosophie, nous parie de l'œuvre de Bachelard comme duelle et habitée par une césure qu'on pourrait à la limite qualifier de dramatique. Dans un colloque à Cerisy-la -Salle, l'oiseau-mouche, de son long bec a pu aspirer le nectar de cette présentation :

    « Il est de notoriété quasi-publique que l'œuvre de Gaston Bachelard comporte deux volets: l'un consacré à la philosophie des sciences (physique et chimie}, l'autre à l'exploration de l'imaginaire poétique. A partir de là, certains commentateurs croient pouvoir déceler que ces deux volets reposent en fait sur une unité latente - voire cachée. Or ce point de vue nous apparaît comme un contresens qui entraîne de nombreuses erreurs sur les intentions mêmes de Bachelard. Le philosophe s'est pourtant clairement expliqué à multiples reprises : ce sont ses arguments et ses affirmations que nous entendons reprendre et développer ici » [33].

    Comment ne pas penser à ce que dit justement Edmundo Morim de Carvalho, auteur de « Poésie et science chez Bachelard » : « Pour se nier le sujet doit « être là », mais en étant là, il n'y est déjà plus. Le paradoxe, qui est ici le stratagème de l'affirmatif négatif, mime en quelque sorte la coupure épistémologique - le « oui » et le « non » ne sont séparés que par un blanc infime. » Le sujet serait alors bien inspiré de dérider l'expression quasi-publique en conservant le trait d'union fautif (La règle stipule qu'il y a trait d'union entre « quasi » et un nom. Pas de trait d'union devant un adverbe ou un adjectif) Quèsaco ? La règle du jeu. Un pont nommé « Médium » pour celles et ceux qui sont mis en vacance de la chose publique et à flanc d'abîme ont construit ce solitaire. Un atome de sagesse nous dit qu'ils sont là présents dans ces zones de la pensée où le moderne physicien leur fait une place.

    Pour nous guérir de nos cavernes, il faut bien que la discrétion franchisse ce pont, qui est maintenant de la revue !

    Dans sa thèse « La soie déchirée. La mode comme état d'esprit de la postmodernité » pour obtenir le grade de Docteur de l'Université Paris V, dirigée par le Professeur Michel Maffesoli, Ana Maria Peçanha Barreira, page 64 parle très bien du pont : « Le pont devient dès lors une valeur esthétique, car il réalise non seulement la jonction de ce qui est séparé dans la réalité, et cela dans un but pratique, mais il rend aussi cette jonction directement tangible » [34]. Cette universitaire d'origine brésilienne, en octobre 2012, a voulu tenter l'expérience d'une rencontre en Sorbonne. Celle de la ruralité française invitée à s'exprimer à l'Alma Mater.

    Un promontoire, en effet, et s'envola la colombe ... Du quarteron attablé là-bas, en ce jour d'automne, le disciple de G. Simmel dont c'est le métier de lire et d'écrire saura-t-il nous éclairer sur la déconvenue du croquant, que cette égérie peut identifier? Demain, un autre rivage... Un pont en points de suspension qui nous ramène au point final d'une analyse de Kenneth White sur mai 68 : «Il y a le poète, et il y a le militant. Pourtant en mai la jonction se fit. Les poètes militèrent, et les militants se firent poètes (le militant-militant, comme le poète-poète, étant pour ainsi dire hors de course). C'est peut-être pourquoi le mouvement a « échoué »,mais telle en était l'essence, et c'est un signe pour l'avenir. C'est à partir de ce point que se développera le progrès, le véritable progrès humain. » A chacun ses essais de résistance culturelle ! Voici ce qu'écrivait dans le mensuel de la Libre pensée « La Raison » - Juillet-août 1988 n°332, page 5, dans un article intitulé « 68...et après », le citoyen ordinaire du fin fond de sa campagne :

    « Mai 1968. Mai 1988. Vingt ans. Ce soir dans . l'émission de variétés de Michel Drucker, Serge July, directeur de « libération » nous parle de son numéro spécial « Mai 68 » dédié à Jean-Paul Sartre. Et la fête continue... Mais quelle fête, messieurs dames ? li y a vingt ans sur la place de mon village, c'était un dimanche de mai, la pénurie d'essence et les jeunes s'inquiétaient de ne pouvoir aller au bal. Plus ennuyeux, les tracteurs agricoles à essence qu'il fallait bien faire tourner car pour les gens de la terre «manifester » cela ne voulait pas dire grand-chose. La condition ouvrière peut s'améliorer par une augmentation substantielle du smic et ce fut le cas à l'époque. Mais pour la gent paysanne qui n'est pas composée uniquement de « riches céréaliers », mais d'une armée de sous-smicards que la société industrielle rend « serviles et corvéables à merci ... » C'est un autre affaire ! (...)

    L'ouvrière d'usine connaît toujours ses cadences infernales et l'insécurité en prime. Oh ! Bien sur, la retraite à 60 ans ! Mais le minimum vieillesse pour le paysan est sept fois moins important que celui du professeur d'université. Alors 68 ? Une grande illusion? N'allez pas dire cela à un journaliste du «Figaro ». Il vous démontrera par A + B que c'est la chance de l'humanité, en vous citant Herbert Marcuse et Edgar Morin.

    Mais dites-moi, amis penseurs, comment pourrais-je me convertir au Dieu qu'il a rencontré tant que je n'aurai pas ses coordonnées ?

    Le citoyen tout simple appelle cela « cultiver le mystère ». Faut-il passer par la rue d'Ulm pour être « divinement éclairé » là-dessus ? Pour les éternels oubliés du monde industriel, tous les pauvres gens, les exclus, enfin tout un «quart monde » qui regarde sans réagir la vaisselle dorée de tous les bien-pensants qui ont réussi, où est-elle cette lumière ? la lumière, c'est sûrement un bout de pain mais ce n'est pas que cela. Je dirai avant tout, c'est la compréhension et non la soumission aux idées béates qui passent. Pour cela, il n'est point nécessaire d'avoir fait Polytechnique, mais il est essentiel d'écouter pour « aller à l'idéal et comprendre le réel. » Et ce n'est pas seulement lire un chapitre de Régis Debray sur la commande affective (...) Alors comment changer? Comment faire de cette révolution (...)une apothéose? li y a vingt ans apparaissait dans nos chaumières une lumière magique : la télévision. Et pourtant toujours l'angoisse et le mal de vivre malgré l'érudition de nos savants débatteurs et les qualités certaines de nos divertisseurs. Au delà de l'écran où trouver la vraie dissidence qui ne soit pas superstition, capable d'apporter une réponse ? Je ne vois que l'œuvre au noir. Noir c'est noir, chante J. Hallyday. Lumière, s'il vous plaît ! » [35]

    Quinze ans plus tard, Régis Debray qui vient d'écrire « Dieu, un itinéraire » et le rapport demandé par le ministre de l'Education nationale, Jack Lang, sur l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque, vint à la rencontre du citoyen ordinaire et l'appelant par son prénom, il lui dit qu'il fait le pont, ce citoyen, entre la France d'en haut et la France d'en bas, lit-on dans La Nouvelle République, en ce mois d'août 2002 !

    Ce citoyen qui cherche à comprendre, « milite » et « rêve » d'un monde meilleur - ce qui est bien, évidemment - n'est-il pas lui aussi un peu «pontificateur » en sermonnant à qui mieux dans les colonnes de « La Raison » ? Sa parade d'autodidacte qui veut à tout prix décortiquer le réel en jonglant avec les mots n'est pas recevable car, en fait, de ce sujet quelconque, on ne sait rien de sa vérité toute nue, de sa vie tout court et comment pourrait-t-on dans le système en savoir plus sans piétiner les plates-bandes de la vie privée ? Ce sujet anonyme ou ce « il » kafkaïen est probablement épris de liberté mais nul ne sait ou pas encore ce qu'il adviendra de sa course de cherchant qui se souvient sans doute du destin d'Alcimadure et de la métamorphose de Daphné. Ce contempteur de l'irrationnel ne serait-il pas un peu ce professeur sans chaire mais rêveur comme celui de ce chanteur devenu restaurateur à Barbizon ? On voudrait écrire pour lui sur le tableau cette citation de « L'imagination symbolique » de Gilbert Durand que l'on retrouve à la page 325 de la thèse « La soie déchirée » de Mme Ana Maria Peçanha Barreira :

    « Puisse ce petit livre inciter le lecteur sans rien renier de la culture occidentale et de ses processus de démystification, à se faire, à l'exemple de Bachelard, réveur des mots, rêveur des poèmes, rêveur de mythes et à s'installer par là, plenièrement, dans cette réalité anthropologique bien plus vitale, bien plus importante pour le destin et surtout le bonheur de l'homme que la morte vérité objective. Car c'est entre les vérités objectives démystificatrices et l'insatiable vouloir être constitutif de l'homme que s'instaure la liberté. poétique, la liberté « remythifiante. » Plus que jamais nous ressentons qu'une science sans conscience, c'est-à-dire sans affirmation d'une Espérance marquerait le déclin définitif de nos civilisations » [36].

    Images tirées d'albums d'enfance conservés dans un bonheur-du-jour

    Et si d'aventure, ce lecteur « tendance » (au sens que donne à ce mot l'écrivain écossais vivant en France, Kenneth White, dans son«Apocalypse tranquille »)se trouvait par hasard dans ce champ de correspondances, on aimerait bien lire, ouïr ou toucher la réponse de l'hôte de passage. lnaccessible étoile et quête impossible ou inachevée, allez savoir ! On pense au poète et homme des sciences beige, Jean C. Baudet, se posant la question : « Mais comment rester au-dessus à la fois de la science et de la poésie, quand la science progresse au-delà des possibilités de compréhension de l'homme moyen, et quand la poésie régresse jusqu'aux assemblages de mots à peine dignes des comptines des enfants ? Bachelard comprenait la relativité et la mécanique quantique de son temps. Je ne suis pas súr de comprendre la théorie des particules élémentaires des physiciens d'aujourd'hui.)

    Le citoyen ordinaire qui préfère s'adresser à Dieu qu'à ses saints a reçu une lettre en date du 21 septembre 1982 de l'lnstitut d'optique théorique et appliquée d'Orsay, établissement privé reconnu d'utilité publique. L'auteur de cette réponse manuscrite de trois pages s'appelle Alain Aspect dont l'expérience a fait couler beaucoup d'encre, on le sait bien ! Voici des extraits de cette lettre conservée dans un bonheur-du-jour, aperçus par le minime oiseau spirituel qui s'est envolé des« Cahiers » de Paul Valéry :

    « Je suis très heureux de voir l'intérêt que vous portez à la science en général, et aux travaux qui constituent mon domaine de recherche en particulier. Malheureusement, la façon dont certains journalistes peu scrupuleux et incompétents ont rapporté ces travaux ont entraîné quelques confusions regrettables, ensuite exploitées par quelques charlatans. La situation, de mon point de vue d'expérimentateur est très simple :

    1) Il existe une théorie vérifiée par toutes les expériences connues à ce jour, la Mécanique Quantique qui pose quelques problèmes de compréhension (...)
    2) Il se trouve que dans quelques situations très rares, ce conflit se traduit par des prédictions différentes des résultats (...)
    3) Chaque fois qu'on a effectivement réussi à faire une de ces expériences, on a trouvé des résultats mesurés en accord avec les calculs de la Mécanique Quantique. C'est donc que certaines idées d'Einstein doivent être rejetées,malgré leur accord avec notre intuition. Par contre, cela ne remet pas en cause la Théorie de la relativité d'Einstein(...)

    Nous nous retrouvons donc avec une théorie, la Mécanique Quantique, qui décrit parfaitement les expériences, mais qui choque nos intuitions. Je peux néanmoins vous dire que lorsqu'on veut établir un lien entre nos expériences et de prétendus phénomènes parapsychologiques, je considère qu'il s'agit d'une escroquerie intellectuelle. Je n'y vois aucun rapport. Je me permets de vous adresser un numéro de Science et Avenir où François de Closet a écrit un article que je trouve honnête, même si je ne suis pas toujours d'accord sur les détails. » Fin de citation [37].

    L'article de François de Closets s'intitule « Et si Einstein s'était trompé... en prétendant que la science pouvait fournir une explication réaliste et logique du monde » [38]. Dans ce numéro fort intéressant envoyé par Alain Aspect au citoyen ordinaire, il y a aussi un entretien sur le jeu des possibles, avec le Professeur François Jacob, que le lecteur intéressé par la démarche de la raison opposée à l'irrationnel et qui défend en même temps, l'imagination, le rêve et l'émotion, lira avec profit.

    Au fond des choses, pour employer une expression qui a voix au chapitre dans le « Traité de physique et de philosophie » du professeur Bernard d'Espagnat, les expériences d'Aspect selon cet auteur, loin de bloquer toute quête, sont elles-mêmes une quête. Et le simple citoyen, que dit-il de ces expériences à des parsecs de son univers quotidien ? Voyons ce que l'oiseau, si tant est qu'il existât encore, nous rapporte de son voyage en terres de France, en ce seul département contenant une lettre désignant une inconnue. Dans « Le Courrier de l'Ouest », en ce mois de juillet deux mille onze, le citoyen ordinaire écrit dans sa « lettre à l'ami » - qui n'est pas nommé mais l'observateur a reconnu Bernard d'Espagnat - au sujet des expériences du physicien d'Orsay :

    « C'est une autre pointure, petit-fils d'un paysan pyrénéen que vous entendîtes, une veille de chandeleur, brillamment 'argumenter à l'Alma mater. Eclaireur expérimenté dans la lumière, ce jeune chercheur s'est illustré dans ce moderne adytum qui coute l'appeau d'Ecouille aux fidèles contribuables, se/on les dires de petites gens bien informés de France et de Navarre. » Quèsaco ? Le citoyen ordinaire qui jongle avec les mots dans une publique épitre, semble reprocher à la science de coûter cher aux pauvres gens qui paient de impôts, mais qui ne voient pas s'améliorer leur situation sociale, malgré les belles envolées lyriques d'une éventuelle révolution culturelle, engendrée par les connaissances scientifiques. Le citoyen qui n'est ni chercheur ni scientifique, dans son épistole en jeu, exprime sa quête d'une certaine manière qui a eu l'heur de plaire au président du Conseil constitutionnel de la française République, qui lui a posé une question, sans réponse d'icelui qui s'en va cherchant dans sa vie quotidienne où il fait l'école buissonnière, sans costume gorge-de-pigeon et sans nœud papillon, à travers les taillis de l'imaginaire, le sentier du désir.

    Ce citoyen théorigue fait de la laïcité un exercice spirituel tant il est vrai que la démocratie, comme le dit Claude Nicollet, ne peut plus se désintéresser de ce qui se passe dans le for intérieur. Ce que nous pouvons dire avec fermeté, c'est que l'individu qui s'indigne, résiste et crée ne vient pas de nulle part, car il est bien situable dans un réseau d'échanges et de communication. Or si celui-là est bien localisable, autre chose est de détecter sur la carte du territoire imaginaire de la culture, la présence du sujet comme être de nulle part, c'est-ଠdire d'ailleurs et de partout. Dans les séminaires et les colloques, on s'interroge à qui mieux sur ce qui peut advenir dans la lumière de l'être et de poser derechef la question de Martin Heidegger: « Les slogans de mai 68 contre la société de consommation vont-ils jusqu'à reconnaître dans la consommation le visage actuel de l'être ? » [39]

    Ce qui est figé nous divise, ce qui est subtil nous rassemble, autant dire açcéder à l'être par l'intériorité. Et qu'importe le nom de la source, pourvu que nous puissions y boire, écrit le conférencier belge, Thomas d'Ansembourg, qui écrit des livres pour essayer de répondre à des questions allant vers l'intériorité citoyenne et transmutante.

    Monsieur Régis Debray dont nous savons la nostalgie allègre, vive et mordante veut être avec Chateaubriand ou rien, d'où ses « Modernes catacombes. » Nous le lisons, nous aimons nous abreuver à l'eau de son ruisseau et quelque chose en nous veut aller plus loin dans le temps pour étancher une inextinguible soif. On sait aussi par l'image de la fable que la raison du plus fort est toujours la meilleure et l'agneau doit se montrer prudent ... Se montrer prudent quand résonne à ses oreilles, le violon de M. de Lourdines ;cette figure du roman de la terre qui a obtenu en 1911, le prix Goncourt. L'auteur, Alphonse de Chateaubriant, enjambait les siècles pour mieux définir l'intemporelle prégnance de l'être. Est-ce par hasard, si un paysan, à Paris s'est plu, un jour d'automne deux mille douze, à le citer en Sorbonne où le citoyen du peuple était invité à prendre la parole? Histoire de laisser une image, peut-être ! Allez savoir ou ça-voir !

    Images tirées d'albums d'enfance conservés dans un bonheur-du-jour

    De l'image poétique, Gaston Bachelard disait qu'elle n'est pas l'écho d'un passé et Alphonse de Chateaubriant la voyait à l'origine de tout homme, complexe d'images en perpétuel devenir et attendait une «tête » qui s'installe dans le psychisme individuel et collectif pour l'éternité... Pour terminer ce long parcours, il ne messied pas de citer ce que Régis Debray laisse en blanc ou ne dit pas dans sa réponse à Jean Clair qui a voix au chapitre de ses hommages à la France littéraire :

    « On vous l'accordera donc sans peine : « Le lieu et la formule » n'ont pas été au rendez-vous. Mais dans une civilisation qui ne se reconnaît somme toute que deux valeurs, s'amuser à en mourir et se tuer à la tâche, ceux qui ont donné à la création imaginaire un autre but que l'ennui des loisirs ou la quête du profit, . Bref tous les Orphées noirs et blancs •qui ont «fait chanter les fontaines du jour » sans se tenir néanmoins pour quittes de l'humiliante situation faite au commun des mortels par notre système de crétinisation et d'avilissement des consciences, ont droit à un peu plus que du respect. Et en particulier de celles et ceux qui se résignent mal au grandissant divorce, en chacun et autour de nous, entre ce qui chante de moins en moins et ce qui calcule de mieux en mieux, entre nos communions enfouies et nos quant-à-soi grinçants. Après tout, c'est quoi, Justice, Fraternité, Oxygène ? C'est les chercher. Croyez-vous donc que ce ne soit rien ? » Fin de citation [40].

    Monsieur Debray qui parie de communion sait que si l'individu est finitude, rien de ce qui est humain n'est jamais fini, ni même défini. Alors, on peut se demander comme son collègue de l'Académie Goncourt, un jour, à la Cité des Sciences et de !'Industrie de la Villette si « ça va, la tête? » Et d'observer avec notre Bernard Pivot national que vous aurez reconnu, que les groenendaels et les juments bai cerise, certes dotés de plus grosses( plus grosses que les têtes de linotte!) ne se sont jamais laissé embobiner par les interrogations des zoologistes.

    Aussi, en guise de coda, autant citer la dernière phrase de sa composition : « Comme nous serions babas, cependant, d'entendre un âne, entre deux hi-han, braire : « Eureka ! Je pense ! donc je suis ! » Alors, de grâce, emboîtons le pas du baudet et, tous unis vers Cythère, allons trouver le bonheur dans quelque épistémologie non-cartésienne !

    Bibliographie

    Thorrìas d'Ansembourg: « Qui fuis-je? Où cours-tu? A quoi servons-nous? Vers l'intériorité citoyenne » Les éditions de l'homme, 2008.
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    Henri Atlan: «A tort et à raison-lntercritique de la science et du mythe» Seuil, 1986.
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    « L'intuition de l'instant» Biblio essais I Le livre de poche, 1992.
    « Le nouvel esprit scientifique» PUF, 1988.
    « La poétique de l'espace » Quadrige Puf, Hubert Bassot: x< Du chef de l'état» Hachette, 1978.
    Marly Bulcao : « Bachelard - raison et imagination »Nilo Henrique Neves dos Reis, 2005.
    Edmondo Morim de Carvalho: « Poésie et science chez Bachelard-Liens et ruptures épistémologiques, Editions l'Harmattan, 2010.
    Michel Cazenave: «La science et l'âme du monde» Imago, 1983.
    Alphonse de Chateaubriant: « Monsieur de Lourdines-Histoire d'un gentilhomme campagnard» Grasset, 1911.
    Régis Debray, « Le moment fraternité» Gallimard, 2009.
    « L'honneur des funambules» L'Echoppe, 2003.
    « Modernes catacombes» Gallimard 2013.
    Bernard d'Espagnat: «A la recherche du réel-Le regard d'un physicien» Gauthiers-Villars, 1979.
    «Un atome de sagesse -Propos d'un physicien sur le réel voilé » Seuil, 1982.
    « Traité de physique et de philosophie » Fayard, 2002.
    « Ondine et les feux du savoir » Stock, 2002.
    Valéry Giscard d'Estaing : « Démocratie française » Fayard, 1976.
    « Démocratie française-Préface inédite »Le livre de poche, 1977.
    Jean de La Fontaine : « Fables» Carrefour, 1995.
    André Frossard : « La baleine et le ricin », Fayard, 1982.
    Michel Maffesoli : «La passion de l'ordinaire - Miettes sociologiques» CNRS éditions, 2011.
    Georges Mathieu: « L'abstraction prophétique» Gallimard, 1984.
    Edgar Morin :«Le vif du sujet » Points/ Seuil, 1969.
    Bernard Pivot:« Les dictées de Bernard Pivot» Le livre de poche, 2004.
    Michel Salomon: « L'avenir de la vie» Seghers, 1981.
    Michel Serres : « Les cinq sens-Philosophie des corps mêlés » Grasset, 1985.
    « petite poucette » Manifestes/le Pommier, 2012.
    Kenneth White : «Une apocalypse tranquille» Grasset, 1985.
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    «La science enjeu » (Ouvrage collectif) Actes sud, 2010.
    Thèse d'Ana Maria Peçanha : « La soie déchirée-La mode comme état d'esprit de la modernité », Université Paris V La Sorbonne, juin 2008.
    «Le Magazine littéraire» 447(novembre 2005) « Paris-Match » 1442 (janvier 1977) « Sciences et avenir » 418 (décembre 1981) «La raison » 312 (novembre 1986) et 332 (juillet-août 1988).
    Leçons 27 et 38 de Serge Carfantan sur Internet« Mythe, science et philosophie » Isabelle Aubret « La source » YouTube Eurovision, 1968.

    Notes

    1] « La flamme d'une chandelle » - Gaston Bachelard.

    2] “Un atome de sagesse”, Bernard d’Espagnat. p. 175.

    3] “La baleine et le ricin”, André Frossard.

    4] “La science et l’âme du monde”, Michel Cazenave.

    5] “L’eau et les rêves” Gaston Bachelard. Ch.1, VII.

    6] “A tort et à raison. Intercritique de la science et du mythe”. Henri Atlan cite Y. Elkana. P. 339.

    7] Ibidem. p. 261.

    8] Ibidem. p. 278.

    9] Ibidem. p. 135.

    10] “Le vif du sujet”, Edgar Morin. p. 60.

    11] “A tort et à raison. Intercritique de une science du mythe”. p. 301.

    12] Ibidem. p. 302.

    13] Correspondance privée du 29 octobre 1995.

    14] Leçon 38 - “Mythe, science et philosophie”. Serge Carfantan cite Lévi-Strauss.

    15] Ibidem. Leçon 38. “philosophie et spiritualité” Serge Carfantan. Site internet.

    16] “L’intuition de l’instant”. Gaston Bachelard. p. 138.

    17] “Les cinq sens. Philosophie des corps mêlés”. Michel Serres. p. 112.

    18] “Petite poucette” Michel Serres. p. 76.

    19] “Platon, le désir de comprendre”. Monique Dixsaut.

    20] “Démocratie française” (Préface inédite, 1977. Livre de Poche). Valéry Giscard d’Estaing.

    21] Valery Giscard d’Estaing. “Démocratie française”.

    22] “En France l’art ne compte pas”. Georges Mathieu, Paris Match du 14 janvier 1977.

    23] “L’abstraction prophétique”, p. 422. Georges Mathieu.

    24] “Du chef de l”Etat” Hubert Bassot. p. 181.

    25] “L’avenir de la vie” Michel Salomon, préface par Edgar Morin, citant Karl Marx.

    26] Partie de la correspondance entre Bernard d’Espagnat et le citoyen ordinaire.

    27] Ibidem.

    28] “Regards” Bernard d’Espagnat. Au chapitre 13, quelques extraits sélectionnés in “A la recherche du réel”.

    29] Ibidem.

    30] “La libre pensée et la démocratie”, Mensuel “La raison” Numéro 312 de novembre 1986. p.5.

    31] René Labregére. Mensuel “La Raison”, ibidem. p. 7.

    32] “Ondine et les feux du savoir” Bernard d’Espagnat.

    33] Jean Libis. Colloque á Cerisy- la- Salle.

    34] “La soie déchirée. La mode comme état d’esprit de la postmodernité”. Ana Maria Peçahna. 2008. Sorbonne. ParisV. Thèse de doctorat.

    35] “68…et après” p. 5 “La raison” juillet-août 1988.

    36] “L’imagination symbolique”, Gilbert Durand in “La soie déchirée” Ana Maria Peçahna. p. 325.

    37] Alain Aspect. Lettre manuscrite du 21 septembre 1982, adressée au citoyen ordinaire.

    38] “Et si Einstein s’était trompé…” François de Closets in “Sciences et Avenir” numéro 418, décembre 1981. pp. 80 à 86.

    39] “Heidegger et l’ontologie de la consommation” Fréderic Neyrat.

    40] “L’honneur des funambules” Régis Debray, pp. 46-47.

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